Bivouac au mont Blanc : le maire de Saint-Gervais accusé de "bad buzz" après avoir déposé plainte contre deux alpinistes

Le maire de Saint-Gervais-les-Bains, en Haute-Savoie, a porté plainte contre deux alpinistes ayant dormi au sommet du mont Blanc, alors que le bivouac y est strictement interdit. Un "bad buzz" incompréhensible pour de nombreux acteurs de la montagne, qui accusent l’élu d’être "en mal de médiatisation".

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"Auto-proclamé maire du mont Blanc", "élu en mal de médiatisation", "le bad buzz du Peillex". Sur les réseaux sociaux, le maire de la commune de Saint-Gervais s’est attiré les foudres de nombreux alpinistes et acteurs du monde de la montagne.

Ce jeudi 29 décembre, Jean-Marc Peillex avait annoncé avoir porté plainte contre deux alpinistes, qui avaient réalisé une vidéo, publiée sur YouTube, à propos de leur dernier défi : dormir au sommet du mont Blanc. Or, le bivouac y est strictement interdit depuis un arrêté de 2020. Le non-respect de cet arrêté est passible d'un an d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende.

"C'est une vraie provocation de la part de deux hurluberlus en mal d'existence sociale. L'alpinisme demande de l'humilité et de la discrétion. Leur démarche n'a rien d'intime. C'est lamentable. Cela ne ressemble en rien à la vraie pratique de l'alpinisme", avait réagi Jean-Marc Peillex, interrogé par plusieurs médias.

Le retour de bâton

Mais depuis cette prise de parole médiatique, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la décision du premier édile. "Quelques rêveurs inoffensifs font l’objet de sa fureur. Leur tort ? Penser que l’alpinisme est encore un espace d’aventure, regrette Jean-François Allard, qui se revendique comme un ancien alpiniste amateur sur les réseaux sociaux. On se demande quel est l’impact écologique d’un bivouac solitaire au mont Blanc à cette époque de l’année… Le bivouac est un acte fondamental de l’alpinisme. Bivouaquer au pied d’une paroi peut être un choix stratégique. Ou poétique. Un art qui semble se passer à trop haute altitude pour être compris… ».

Une position que partage Yann Borgnet, guide de haute-montagne. "La manière dont est appliqué cet arrêté par le maire de St Gervais me parait […] partielle, partiale et menaçante pour l’histoire et la culture de nos pratiques alpines, a-t-il déclaré dans un long texte publié sur Facebook. Le bivouac en est une composante fondamentale. Il a toujours été toléré, y compris au col du Midi, parce qu’il est inaliénable des pratiques d’alpinisme, il en est un pilier puisqu’il constitue la base de l’improvisation".


"Une dangereuse dérive autoritaire"

Sur Tweeter, Antoine Beis, collaborateur du maire de Chamonix, a aussi fustigé la position de Jean-Marc Peillex. "Un élu en mal de médiatisation attaque en justice des alpinistes tout en prétendant défendre cette discipline… qu’il ne pratique pas. Dangereuse dérive autoritaire… "

D’autres critiquent plus largement la position de la commune de Saint-Gervais, qui interdit le bivouac alors que les survols du massif sont toujours autorisés. "Visiblement, ils n'ont laissé aucun déchet, souligne Fredi Meignan, le co-président de l’association Mountain Wilderness, prenant ainsi la défense des jeunes alpinistes. Et il semble qu'ils n'aient aucunement participé aux survols motorisés incessants, une des plaies et pollutions majeures du Mont-Blanc. ».


Une pétition "contre les débordements judiciaires du maire de Saint-Gervais"

Le syndicat Interprofessionnel de la Montagne (SIM) a même lancé une pétition en ligne ce vendredi 30 décembre, contre les "débordements judiciaires" du maire.

"Le maire de Saint-Gervais Jean-Marc Peillex vient d'engager coup sur coup des poursuites judiciaires contre une légende vivante de l'alpinisme, le guide Christophe Profit (pour avoir retiré des pieux à neige sur la voie normale du Mont Blanc) et contre deux jeunes alpinistes autonomes. Et tout cela au prétexte de "défendre la montagne et l'alpinisme", et leurs "valeurs" – un argument médiatique qui ne peut tromper les véritables pratiquants et passionnés" a déclaré le syndicat. Ce dernier appelle le maire à abandonner les poursuites judiciaires en cours, et rappelle que la montagne est "un territoire de solidarité, de responsabilité, d'intégrité, d'apprentissage et d'aventure – pas d'imposture ni de coercition et de judiciarisation abusives". Ce samedi matin, la pétition comptabilise 344 signatures.

Contactés, les deux alpinistes concernés par la plainte ont indiqué n’avoir pas mesuré que l’interdiction de bivouaquer courrait aussi en période hivernale. "Nous sommes bien préparés et évidemment respectueux envers nos confrères, les locaux et surtout l’environnement. Nous doutons que notre impact environnemental soit mesurable à celui des hélicoptères de tourisme qui survolent ce site fragile toute la journée, ont-ils argumenté. Nous avons été surpris par les propos diffamatoires du maire de St Gervais. Nous sommes restés discrets jusqu'à cette plainte. Qui cherche la visibilité finalement ?"

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