Enneigement, climat, biodiversité... à quoi le massif du Mont-Blanc va-t-il ressembler en 2050 ?

Huit scientifiques publient une étude sur les conséquences du réchauffement climatique dans le massif du Mont-Blanc à horizon 2050. Impact sur la biodiversité, l'enneigement, les populations humaines : voici ce qu'il faut en retenir.

Une température moyenne jusqu'à 3°C supérieure, de violentes canicules et toujours moins d'enneigement. Les évolutions climatiques dans l'Espace Mont-Blanc (EMB) publiées par huit scientifiques ne sont pas optimistes. Ce rapport, rendu public mercredi 7 août, établit des prévisions climatiques à horizon 2050 dans le massif qui entoure le Toit de l'Europe côté français, suisse et italien.

Alors que la hausse des températures a déjà largement bouleversé l'environnement de haute montagne, la cadence va s'accélérer dans les prochaines décennies. "Nous nous attendons surtout à une poursuite de la hausse des températures en toute saison (...) accompagnée par une baisse des précipitations particulièrement marquée en été", synthétisent les auteurs du rapport.

D'ici le milieu du siècle, les températures devraient poursuivre leur hausse entre +1°C et +3°C par rapport à la période 1980-2009. Sur l'ensemble de l'année, l'augmentation des températures sera "nettement plus importante dans l’EMB que celle prévue dans le cadre des accords de Paris en 2015". Et qui dit réchauffement climatique dit remontée de l'isotherme 0°C. Cette "frontière" qui détermine notamment l'altitude des neiges éternelles en été remonterait de 300 mètres de dénivelée, passant de 3.800 mètres aujourd’hui pendant la saison estivale à 4.100 mètres en 2050. Un scénario valable si le réchauffement est de +2°C.
 


Les premières victimes seront les glaciers, dont 90% devraient disparaître de Suisse avant 2090. Et d'ici la moitié du siècle, le plus grand glacier de France, la Mer de Glace, se sera beaucoup rétréci, aminci et "aura reculé jusque sous l’arête des Flammes de Pierre", selon des prévisions déjà établies. Quant au permafrost, le "ciment des montagnes" qui joue un rôle essentiel dans la stabilité des massifs, il pourrait complètement disparaître des faces sud du Mont-Blanc, d'après les scenarios les plus pessimistes.

 

Canicules et inondations à répétition


Côté enneigement, les prévisions sont également à la baisse. Déjà réduit depuis les années 1970, le nombre de jours d'enneigement devrait encore baisser de 25 à 45 jours dans la vallée de Chamonix d'ici 2050 par rapport à la période 1973-2013. Plus haut et en versant nord, vers le sommet des Grands-Montets (3.000 mètres d'altitude), la perte d'enneigement serait de 10 à 15 jours.
 

Il faut également s'attendre à un risque de canicule et de sécheresse accru, à la fois en termes de fréquence et d'intensité. Si on se projette au début du siècle prochain, un été sur deux dans les Alpes devrait être au moins aussi chaud que l'été caniculaire de 2003, rappellent les scientifiques. Selon leurs prévisions, le nombre de jours d’été (où les températures maximales journalières supérieures à 25°C) sera d'environ un mois en moyenne montagne à la fin du siècle. Un chiffre aujourd'hui proche de zéro.

Mais la chaleur n'est pas le seul phénomène extrême à craindre. Pour la période 2071-2100, les scientifiques estiment entre 40 et 80 le nombre de jours de fortes précipitations supplémentaires dans les Alpes. "Le risque d’inondation en hiver et au printemps est susceptible d’augmenter, à cause des précipitations plus erratiques et des températures plus élevées, donc plus de précipitations sous forme de pluie que de neige et une fonte des neiges accélérée", écrivent-ils.

 

Biodiversité en péril


Un tel changement d'environnement implique automatiquement un bouleversement du milieu naturel vivant. Il faut donc s'attendre à une remontée en altitude de la faune et de la flore dont les espèces iront rechercher les conditions climatiques optimales à leur développement. Pour les animaux, cette remontée en altitude devrait être de 30 à 100 mètres par décade en fonction de l'évolution du climat. Mais cela implique une perte de terrain pour l'ensemble des espèces : "les (plus) adaptées aux conditions chaudes gagneront du terrain au détriment des espèces alpines adaptées à des conditions froides", prévoient les scientifiques.
 
Avec le recul des glaciers et la hausse des températures, un "verdissement" de la haute montagne va se produire avec "des milieux de plus en plus rocheux et végétalisés". Et ces conditions profiteront aux espèces nuisibles comme le scolyte qui va se développer beaucoup plus rapidement, mettant en péril les espèces végétales. Les scientifiques s'attendent par exemple à une "fuite vers le haut" de l'épicéa, très vulnérable aux parasites.

C'est donc tout l'équilibre de la haute montagne qui risque d'être mis à mal par la hausse des températures. Les scientifiques estiment que la responsabilité humaine dans ce changement est "extrêmement probable". Ces projections restent soumises à plusieurs facteurs, notamment le niveau futur des émissions de gaz à effets de serre par les sociétés humaines. Toujours est-il qu'en montagne, le réchauffement climatique n'est pas un futur lointain mais bien un sujet d'actualité qui risque de prendre de plus en plus d'ampleur.

 
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