Ce jeudi 5 octobre, la mesure 2023 du mont Blanc, réalisée en septembre dernier par des géomètres-experts, a été dévoilée. Le plus haut sommet de l'Europe a perdu à 2,22 mètres d'altitude, par rapport à 2021. La taille du sommet, qui varie depuis la nuit des temps, est mesurée précisément tous les deux ans, depuis 2001.
4805,59 mètres d'altitude. C'est la nouvelle mesure réalisée du mont Blanc, le 14 septembre dernier, après trois jours d'ascension et de relevés de données du collectif géomètre-expert, 4810. Depuis 2001, tous les deux ans, le plus haut sommet d'Europe est scruté avec des mesures précises, afin de déterminer son altitude et dans le but de modéliser la calotte glaciaire. Cette année, la mission a été menée par Denis Borrel, géomètre-expert de Haute-Savoie.
Lors de la dernière mission, en 2021, le sommet a été mesuré à 4807,81 mètres d'altitude, soit près de 2,22 mètres de variation en deux ans. Un changement qui ne peut pas être "directement associé au réchauffement climatique", indique un expert-géomètre. Entre 2021 et 2017, près d'un mètre en moins avait été rapporté (celle de 2019, très basse, avait été tenue "secrète" car jugée peu représentative). À l'inverse, c'est en 2007 qu'avait été relevée l'altitude la plus élevée (4810,90 m alt.).
10 kilos de matériels pour 1 heure de mesure
La mesure 2023 a été réalisée par huit cordées, regroupant 22 passionnées et experts de la montagne. Des géomètres-experts, des guides, mais aussi notamment l'ancien quintuple champion olympique : Martin Fourcade. Il est l'ambassadeur de l'opération 2023.
"C'était ma première ascension. Il y en aura certainement d'autres. Mais celle-ci restera gravée dans mon esprit ainsi que cette cordée à laquelle je resterai lié. J'ai découvert des professionnels capables de déployer un matériel de pointe dans des conditions hors normes. C'était impressionnant", a témoigné le multiple champion du monde.
Dans la dernière ligne droite, l'expédition a mis dix heures à gravir les 2 500 mètres de dénivelé, dans des excellentes conditions. Dix kilos de matériels ont été portés à dos d'hommes et de femmes pour faire les relevés. Arrivés au sommet, ils ont réalisé, pendant une heure, une mesure point par point, associée à de la photogrammétrie par un drone, a permis de donner la nouvelle hauteur du mont Blanc.
Un sommet en perpétuel mouvement
Ces variations n'ont rien d'étonnant, avertissent les géomètres, car "depuis la nuit des temps, l'altitude du mont Blanc oscille continuellement". Le sommet "rocheux" de la montagne culmine à 4 792 m, mais c'est l'épaisseur de la couche de "neiges éternelles" qui le recouvre, fonctionnant comme une énorme congère, qui "varie en fonction des vents d'altitude et des précipitations", avaient-ils détaillé en 2021.
Les géomètres-experts mesurent et accumulent les données pour les climatologues, les glaciologues et autres scientifiques, experts du climat. "Nous sommes là en tant que sentinelles de l'environnement", précisent-ils. Jean Perillat, président du conseil régional de la profession, précise qu'ils "déploient ses compétences au service d’un cadre de vie durable".