Portrait. Sarah Chelpi, pionnière et cheffe d'escadron au PGHM de Chamonix

Rencontre avec la première femme à avoir commandé un peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM). La cheffe d'escadron Sarah Chelpi s'est vue confier à 34 ans la compagnie
de Chamonix Mont-Blanc

Société
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Son terrain haut-savoyard, de Sallanches à Praz-sur-Arly et jusqu'à la frontière suisse, elle veut l'arpenter et grimper sur ses montagnes sur des skis, à VTT ou à pied. 

 Cette Cannoise qui compte parmi les 18% de femmes aux commandes d'une compagnie de gendarmerie en France trépigne en attendant l'hiver, sur un territoire qu'elle
a fini par très bien connaître.

    Il y a d'abord eu des vacances familiales, tous les ans, en station de Haute-Savoie, pendant une jeunesse qu'elle qualifie d'"enfance Disneyland". Puis, à sa sortie de l'école de gendarmerie de Melun en 2009, elle prend pendant quatre ans la tête de la communauté de brigade de Megève.

  Après ces premières armes, elle s'est plongée dans le secours en montagne, en devenant commandant en second du PGHM de Briançon, entre 2013 et 2016, puis commandant
du PGHM de Saint-Sauveur-sur-Tinée, une première pour une femme à ce poste.

   Après ces deux années dans les Alpes-Maritimes, elle a retrouvé cet été la Haute-Savoie et Chamonix, où elle dirige aujourd'hui une centaine de gendarmes âgés de 18 à
55 ans, dont 20% de femmes environ.

   Commandement moderne 

    "J'aime manager, gérer une équipe, monter des opérations" explique la gendarme, mariée, mère de deux enfants, et dont le père a fait la guerre d'Algérie. 

    Trouver la bonne personne pour intervenir sur une opération, attribuer les moyens, jouer l'intermédiaire notamment avec les magistrats, "savoir anticiper", "faire
du lobbying" et assurer "une présence au quotidien" dans la vie des gens: Sarah Chelpi aspire à "montrer la gendarmerie autrement". 

    Sa mission est diverse et prenante mais elle s'y "épanouit", estime le colonel Nicolas Marsol, commandant le groupement de la Haute-Savoie. À ses yeux, Sarah Chelpi incarne par sa personnalité et son activité "un commandement moderne".  Son "sens de l'écoute" et de la négociation sont notamment mis en avant par le colonel.

En septembre, elle est intervenue avec succès sur une prise d'otage au centre des impôts de Sallanches. Le preneur d'otage est "sorti quasiment devant moi", il a donc fallu "négocier", se souvient-elle. 

     12% de femmes sont cheffes d'escadron 

    Le milieu très masculin de la gendarmerie n'influe pas sur son comportement : "Je ne joue pas de ça. J'aime bien dialoguer, boire un café avec mes interlocuteurs. C'est plus ça qui est important. Un homme avec la même appétence pourrait fonctionner pareil". 

Les femmes ayant le grade de chef d'escadron restent très minoritaires en France: sur 1050, elles sont 126, soit 12%. Et parmi les 372 compagnies de gendarmerie,
seulement 70 sont commandées par des femmes. "On en rigole ensemble, ce n'est pas une question pour nous", souligne le colonel Marsol, arrivé en Haute-Savoie à la même période que Sarah Chelpi.

 "Elle a su se décomplexer", poursuit Blaise Agresti, ancien commandant du PGHM de Chamonix et du Centre national d'instruction au ski et à l'alpinisme de la gendarmerie.

 "Elle était hyper motivée. Ce n'était pas gagné pour elle, du tout. Elle n'est pas une grande montagnarde de nature. Mais elle est volontaire, elle a le côté un peu têtu des montagnards, leur opiniâtreté". 

 Pendant son apprentissage, elle a dû "tout apprendre" et faire preuve de "constance", poursuit l'ancien colonel, qui ne veut toutefois pas faire de l'histoire de Sarah Chelpi "un roman" de l'ascension extraordinaire d'une femme dans un monde d'hommes. Même s'il reconnaît sans difficulté un parcours "remarquable". 

Et cette adepte du ski de randonnée s'est fixé un autre objectif pour 2019: "faire le Mont-Blanc" avec le groupe montagne de la gendarmerie.
   

 

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