Une montagne vertigineuse, une finance cynique et une usine menacée. Le Haut-Savoyard documentariste Gilles Perret, auteur de films sur la Sécu ou les "Gilets jaunes", passe à la fiction avec "Reprise en main", en salle ce mercredi 19 octobre.
La toute première fiction du documentariste haut-savoyard Gilles Perret, et de sa co-scénariste Marion Richoux, sort en salle ce mercredi 19 octobre. Et son thème est, le moins qu'on puisse dire, dans l'air du temps.
Tourné dans son pays natal, il met en scène "une montagne vertigineuse, une finance cynique et prédatrice et une usine menacée".
Sur le ton de la comédie sociale, le film raconte l'histoire de Cédric (Pierre Deladonchamps), un ouvrier dépolitisé. Les idéaux de son père syndicaliste (Rufus) lui sont devenus presque étrangers. Mais il aime son métier de métallurgiste et le travail bien fait. Alors quand un fonds d'investissement veut racheter la petite entreprise pour licencier, il convainc deux amis d'enfance de monter un projet concurrent.
D'obstacles apparemment insurmontables en astuces improbables, on suit les trois pieds nickelés prenant leur destin en main, aidés en interne par une alliée inattendue (Laetitia Dosch) et n'hésitant pas à enfiler le costume d'hommes d'affaires.
Une histoire inspirée du quotidien et de l'histoire industrielle de la vallée de l'Arve.
Le monde de la finance est très secret, donc c'est compliqué en doc. Mais au cinéma, la liberté d'écriture permet d'aller plus loin et de bâtir un scénario avec des éléments qui n'ont pas forcément connu encore de réalité, comme des ouvriers qui retournent les armes de la finance contre elle.
Gilles Perret, documentariste et réalisateur
Après vingt ans de documentaires sociaux et historiques, dont "Les Jours heureux" sur le programme du Conseil national de la Résistance (CNR), "La Sociale" sur la création de la Sécu et "Debout les femmes!" avec le député insoumis François Ruffin, on ne se refait pas.
L'histoire se déroule à nouveau dans sa Haute-Savoie natale et avec sa marque de fabrique: "filmer local, penser global".
Gilles Perret, qui habite toujours son hameau d'enfance de 60 habitants, puise dans ses racines des sujets universels: les combats pour la dignité, les droits, la santé, l'émancipation.
Inspiré du quotidien et de l’histoire de la vallée de l’Arve, là où il a vécu et grandi, Gilles Perret a travaillé six ans sur son projet. "Il y a évidemment une forte histoire de transmission de la part de mon père qui a travaillé dans ces usines. Et puis ce sont des faits inspirés par les voisins, par des histoires de la vallée, car c’est vrai que j’ai grandi ici. J’ai grimpé les falaises que l’on voit dans le film, je suis allé dans les bistrots que l’on voit, donc forcément, c’est très implanté et très incarné," confiait-il à France 3 Alpes lors du tournage.
"C'est un autre avantage de la fiction, analyse-t-il. Ouvrir des possibles dans un monde où l'on nous dit qu'il n'y en a plus. Arrêter de se laisser faire et parvenir, sur le thème souvent douloureux du destin des ouvriers, à donner de la joie aux spectateurs".
Un film militant mais pas chiant
François Ruffin
"Quelque part entre Frank Capra et Dany Boon, son film-fable a des accents à la Ken Loach et rappelle les comédies sociales à l'anglaise du type "The Full Monty" évoque son ancien acolyte François Ruffin.