La commune de Saint-Gingolph, en Haute-Savoie, a mis en place un nouveau dispositif permettant de chauffer la moitié de ses habitants grâce à l'eau du lac Léman. A la clé, une baisse de 30% des émissions de CO2 pour les ménages concernés.
C'est une première côté français. En Haute-Savoie, la petite commune de Saint-Gingolph se chauffe désormais grâce à l'eau du lac Léman. La moitié des 900 habitants peuvent déjà en profiter.
"Même pendant le pic de froid, on a toujours pu apporter de la chaleur en ayant de la réserve sous le pied", assure la maire de Saint-Gingolph, Géraldine Pflieger. "Les habitants nous disent tous qu'ils ont trop chaud, c'est que cela doit bien fonctionner, plaisante Joël Grandcollot-Bened, adjoint au maire. C'est une question de réglages, on va arriver à une situation normale assez rapidement."
"Ressource infinie"
L'idée était en marche bien avant la crise énergétique dans ce village qui cherchait à réduire durablement ses émissions de gaz à effet de serre. L'équipe municipale s'est inspirée de projets similaires déjà mis en place côté suisse.
Mais il a fallu relever un défi : adapter le concept pour le mettre en œuvre à l'échelle d'un village. "Ce n'était pas forcément facile, reconnaît Géraldine Pflieger, mais c'est une ressource infinie qu'on a voulu capter."
Tous les habitants sont logés au bord du lac, à proximité immédiate de l'eau, ce qui fait qu'on n'a pas besoin d'étendre de longs réseaux.
Géraldine Pflieger, maire de Saint-Gingolphà France 3 Alpes
Le réseau fonctionne sur le modèle d'une boucle d'eau. Deux conduites sont reliées au lac Léman : l'une pour en prélever l'eau, l'autre pour la rejeter. Puis l'eau arrive dans une gare de pompage où elle est utilisée pour réchauffer l'eau du circuit grâce à trois pompes à chaleur. Elle est enfin rejetée dans le Léman après avoir perdu environ 3 °C nécessaires à la production de chaleur.
"Saint-Gingolph a la spécificité d'être un petit village avec beaucoup d'immeubles, donc assez dense. Tous les habitants sont logés au bord du lac, à proximité immédiate de l'eau, ce qui fait qu'on n'a pas besoin d'étendre de longs réseaux", ajoute Géraldine Pflieger.
Une énergie propre à un prix stable
A ce jour, 120 logements - 170 à terme - ainsi que l'ensemble des bâtiments communaux sont déjà chauffés par ce réseau de chaleur. Un nouveau système qui permet d'effacer près de 30 % des émissions de CO2 des ménages qui y sont reliés. L'investissement total s'élève à 2,4 millions d'euros, subventionnés à 60 % par l'Etat et la Région. Une énergie propre, à un prix stable, pour un chauffage écologique.
La salle des fêtes de la commune fait partie des bâtiments reliés à ce nouveau réseau grâce à un plancher chauffant… et refroidissant. Une installation qui pourrait remplacer la climatisation. "C'est le seul bâtiment qui est équipé de cette technique de 'free cooling'. Au lieu d'injecter de l'eau chaude dans le plancher, on injecte de l'eau froide. (…) On tempère plutôt que de la climatiser", résume Joël Grandcollot-Bened.
Cette solution permet de consommer 15 fois moins d'électricité que des climatiseurs classiques. Les ressources énergétiques des lacs apparaissent dès lors comme un véritable trésor encore inexploité, en circuit court et local.