A l'heure du déconfinement de la France, un village haut-savoyard est cité comme exemple dans la lutte contre le coronavirus : les Contamines-Montjoie. Comment les autorités locales ont-elles fait face ? Retour sur les mesures mises en place.
C'était l'un des premiers foyers du Covid-19 en France. En février, cinq ressortissants britanniques étaient testés positifs au nouveau coronavirus aux Contamines-Montjoie, petite station de Haute-Savoie. S'en sont suivies des mesures de confinement pour les malades et le déploiement massif de tests sur 174 habitants de la commune. Une organisation aujourd'hui considérée comme un exemple par les autorités sanitaires françaises.
"Deux jours après (la détection des cas de coronavirus), on (s'y rendait) déjà avec une équipe d'infectiologues d'un des groupements hospitaliers de territoire, avec le soutien du Samu, des professionnels de santé... C'est certainement une réaction rapide", estime Luc Rollet, délégué départemental de l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes.
Dépister, isoler, soigner
Le week-end des 8 et 9 février, une famille de onze personnes était hospitalisée. Parmi elles, cinq sont infectées par le Covid-19, dont un enfant de 9 ans, et six ont été en contact rapproché avec les malades. Aucun d'eux ne présentera de forme grave de la maladie.
Mais aussitôt, les autorités sanitaires entrent en action. Trois établissements scolaires fréquentés par l'enfant malade sont fermés. Après une enquête rapide d'infectiologues et d'épidémiologistes, il est rapidement ressorti que le jeune patient était entré en contact alors qu'il était malade avec 172 personnes, dont 112 élèves et professeurs. Ces derniers avaient tous alors été placés en quarantaine chez eux car considérés comme à haut risque.
Mais au final, cet enfant n'a contaminé personne, pas même les deux autres enfants de sa fratrie, selon une étude publiée le 11 avril dans la revue de la société des infectiologues américains (Clinical Infectious Diseases). Sur la centaine de personnes testées à l'échelle de la commune, aucune n'est trouvée porteuse du nouveau coronavirus.
"Vraiment contents de s'en être bien tirés"
Au 'garde-à-vous" devant les autorités sanitaires à cette époque, Etienne Jacquet, le maire des Contamines-Montjoie, se souvient d'un autre virus qu'il fallait tenter d'enrayer ce week-end-là. Celui de la psychose collective. "On n'a rien caché et c'est aussi ce qui nous a permis de pouvoir rassurer la population, les touristes, puisqu'on a quasiment pas eu de baisse de l'afflux touristique en février. C'était quand même une crainte après le problème sanitaire", se rappelle l'édile.
Dans la station haut-savoyarde, en effervescence dans les premiers jours des vacances d'hiver, les autorités locales et les habitants tentaient de rassurer certains touristes inquiets. Eric Paris, le pharmacien du village, disait à l'époque avoir eu "beaucoup de demandes de masques", mais refusait d'en distribuer : "Ca fait 14 jours, la période d'incubation est passée. Si tous les gens se promènent avec des masques, vous imaginez la psychose ?"
"On est vraiment contents de s'en être bien tirés après la première crise et contents que, sur la deuxième crise, on ait personne d'atteint officiellement aux Contamines", se réjouit Etienne Jacquet. Dépister, isoler et soigner : la formule est aujourd'hui connue, mais a rencontré ses limites. Ce qui était possible matériellement dans ce petit village de Haute-Savoie s'est avéré dramatiquement difficile à organiser à l'échelle du pays les semaines suivantes, quand l'épidémie a pris de l'ampleur, menant au confinement de la France pour cinquante-cinq jours.