Seule femme membre du PGHM de Chamonix, unité d'élite des secours en montagne, Alice Coldefy a mis la main sur la seconde boîte noire de l'A320 de Germanwings jeudi après dix jours d'intenses recherches sur un terrain difficile. "Un soulagement", lâche la jeune femme.
C'était sa première journée sur place. Travaillant en binôme avec un autre gendarme de haute montagne, elle avait pour mission de "retrouver la boîte noire et d'enlever les effets personnels des victimes".
"J'étais vraiment fixée sur les effets personnels. On essayait d'aller dans les zones qui n'avaient pas été fouillées pour ramener un maximum de vêtements (...). Et c'est en recherchant ces vêtements que je l'ai trouvée", raconte la gendarme secouriste de 32 ans.
Appelé Flight Data Recorder (FDR), ce précieux élément d'enquête, qui contient des centaines de paramètres de vol, était au fond d'une "ravine très raide qui se termine brutalement", dit la jeune femme rousse aux yeux bleus.
"On s'est permis de balancer les débris vers le bas et c'est en creusant dans les débris qu'elle est apparue", poursuit Alice Coldefy, décrivant un "sol très meuble, comme des graviers".
Abimée, longue comme une grande boite à chaussures, la boîte avait la même couleur que la roche. "On avait une photo de boîte noire sous plusieurs angles, on l'a sortie et on l'a comparée avec ce qu'on avait trouvé et c'était ça", dit-elle.
"Tout le monde était content, c'était un soulagement. (...) Un soulagement pour tous les gens qui travaillent là depuis une semaine et demie sans relâche", poursuit-elle.
Terrain abrupt et poussiéreux
D'autant que les conditions de recherches sont difficiles avec un terrain "assez abrupt et très poussiéreux", dit la secouriste, pourtant habituée aux interventions dans les crevasses de la Vallée Blanche et aux parois vertigineuses du Mont-Blanc."Physiquement, le plus dur c'est toute la poussière qu'on charrie, on travaille avec des masques et c'est assez compliqué de respirer. On a besoin des cordes dans les endroits les plus raides", décrit-elle. Quant au paysage, il est "assez irréel, on ne réalise pas trop ce qu'on voit", ajoute la gendarme.
Alice Coldefy est devenue en 2012 la première femme à intégrer le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix, unité la plus prestigieuse du secours en montagne, qui compte 43 membres.
"C'est quelqu'un de discret qui ne cherche pas à se mettre en avant", décrit Jean-Baptiste Estachy, commandant du PGHM de Chamonix, en se disant "très content du travail d'Alice".
Seules, trois femmes officient dans un des 15 PGHM de France. En septembre dernier, Alice Coldefy est aussi devenue guide de haute montagne, rejoignant la trentaine de femmes que compte en France cette profession de 1.600 membres.
Vendredi, une quarantaine de gendarmes devait reprendre les recherches sur la zone du crash, avec pour mission de retrouver un maximum d'effets personnels (vêtements, téléphones, etc.) en vue de les restituer aux familles.