Face à l'ampleur de la crise sanitaire, la trêve hivernale des expulsions locatives a été prolongée de deux mois. Elle prendra fin le 31 mai prochain, dans moins d'un mois. C'est la panique pour ceux qui sont menacés d'expulsion.
Cécile vit seule avec sa fille de 15 ans à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. Les galères, elle connait depuis son plus jeune âge. Mais alors qu'elle commençait à voir le bout du tunnel, la crise sanitaire est arrivée. Privée d'emploi et de salaire, elle n'arrive plus à s'en sortir et elle commence à prendre peur car, dans moins d'un mois, la trêve hivernale se termine et Cécile a peur de voir arriver les huissiers. La jeune femme de 36 ans est sous le coup d'un avis d'expulsion datant de juillet dernier.
"Il me reste un mois pour trouver une solution explique Cécile, je tente le tout pour le tout."
Cécile a écrit au maire de sa commune, au sénateur de la Haute-Savoie et aux élus départementaux et régionaux pour leur demander un soutien. Dans une longue lettre, elle explique comment elle en est arrivé là. Cinq personnes à faire vivre avec son petit salaire de serveuse, de graves conflits familiaux, un conjoint violent et alcoolique et le surendettement. En 2016, elle décide de quitter son département d'origine pour aller vivre à Thonon en Haute-Savoie, espérant éponger rapidement ses dettes en allant travailler de l'autre côté de la frontière, en Suisse. Mais la crise sanitaire a ruiné ses espoirs.
Comme Céline, de nombreuses familles menacées d'expulsion sont dans l'angoisse. Et ne savent plus vers qui se tourner. A Annecy, l'association Habitat et Humanisme confirme : "on a de plus en plus d'appels, les gens paniquent parce qu'ils voient arriver la date". L'association renvoie ces personnes vers les assistantes sociales et les services départementaux comme le SIAO (Service Intégré de l'Accueil et de l'Orientation) pour tenter de trouver des solutions.
Depuis la fin du premier confinement, les assistantes sociales sont de plus en plus sollicitées. Justine, qui travaille à Annecy, trouve les gens "tendus, violents (...) ils n'en peuvent plus". Même quand ils touchent le chômage partiel, les pertes de salaire sont dramatiques pour certains. Ils basculent dans la pauvreté, ne peuvent plus payer leur loyer.
Conscient de la situation, le gouvernement a promis d'accompagner la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives. Emmanuelle Wargon et Marlène Schiappa viennent de signer une instruction transmise aux préfets de région et de département pour aller "vers une reprise maîtrisée de l'application de la procédure d'expulsion".
Si une expulsion doit avoir lieu, précise le texte, "elle sera assortie d'une proposition d'un autre logement, ou à défaut d'une proposition d'hébergement le temps qu'une solution plus pérenne soit trouvée."
L’État s'engage également à indemniser rapidement tous les propriétaires impactés "de l'intégralité des sommes légalement exigibles". Le fonds d'indemnisation des bailleurs sera abondé à concurrence des besoins. Ils sont estimés à 20 millions d'euros pour l'année 2021.