Haute-Savoie : le mouvement Extinction Rebellion manifeste contre le projet de retenue collinaire à La Clusaz

Des manifestations ont eu lieu dimanche 14 et lundi 15 novembre sur le plateau de Beauregard, à La Clusaz, où doit être installée une retenue collinaire. Des associations écologiques, le mouvement Extinction Rebellion et des habitants locaux demandent la suspension du projet.

Membres d'associations locales et d'organisations environnementales sont vent debout, depuis ce dimanche 14 novembre, contre le projet de retenue collinaire sur la station de La Clusaz.

Après une première marche symbolique d'opposants organisée ce dimanche, plusieurs membres du mouvement Extinction Rebellion d'Annecy ont mené une action dès ce lundi 15 novembre au matin.

Une vingtaine d'activistes cherchent à empêcher la mise en route de ce "nouveau projet écocidaire mettant notamment en péril des espèces protégées et des ressources en eau pour maintenir l'industrie du ski sous perfusion", comme l'explique le mouvement.

Une chaîne humaine avec des "arm-lock" (un dispositif matériel pour lier deux personnes entre elles) a été créée aux abords du site en question : "Nous avons l'intention de bloquer le chantier. Aujourd'hui marque le début de la résistance. Que les travaux commencent le 15, le 16, le 17 ou plus tard, on sera là", avertit une membre du groupe local d'Extinction Rebellion, qui n'exclut pas une occupation des lieux.

Une grande banderole de 10 mètres de long a été déployée à l'entrée du site : "Retenue Colombière, tout schuss dans le mur", est inscrit dessus. De plus, la membre du groupe ajoute que des arbres du bois de la Colombière ont été piégés par des vis : "Cela est fait pour casser les chaînes des tronçonneuses en cas d'arrivée des bûcherons."

Un projet discuté

"Cette retenue collinaire sera juste au-dessus d'une tourbière remarquable. Une tourbière est une zone humide, un puits de carbone. On en a besoin pour vivre", avertissait Sandra Stavo-Debauge, membre du collectif Fier-Aravis lors de la marche de ce dimanche.

"Cette forêt est très préservée, c'est une des dernières zones de Beauregard qui est très peu fréquentée. Il y a une faune et une flore incroyables avec un recensement d'espèces protégées très conséquent", a-t-elle poursuivi.

On doit le consacrer à des activités qui restaurent les écosystèmes, qui préservent l'eau, qui créent des emplois toute l'année.

Fabienne Grébert, conseillère régionale "Les écologistes".

La station de ski, située entre 1 100 et 2 600 mètres d'altitude, avait été confrontée en 2018 à une sécheresse importante. L'enneigement du domaine avait été menacé. Le projet de cette cinquième retenue collinaire dans la station des Aravis avait été lancé l'année suivante et doit assurer un enneigement jusqu'en 2050.

Un choix de développement qui ne fait pas l'unanimité parmi les oppositions politiques : "Aujourd'hui, l'argent public, surtout après ce qu'il vient de se passer à la COP26 à Glasgow, doit être consacré à la transition écologique. Et cela tout de suite, maintenant. On doit le consacrer à des activités qui restaurent les écosystèmes, qui préservent l'eau, qui créent des emplois toute l'année. Ce n'est pas le système économique qu'on nous impose ici", réagit Fabienne Grébert, conseillère régionale du groupe "Les écologistes".

Un projet suspendu à la décision du préfet

Fin octobre, la commission d'enquête publique avait rendu un avis favorable au projet de construction de cet ouvrage de 148 000 mètres cubes. Plus de 7 millions d'euros doivent être investis dans cette retenue collinaire. Du moins, si le préfet de Haute-Savoie décide de la déclarer d'utilité publique.

Ce qui est important c'est de répondre aux besoins du territoire.

Didier Thévenet, maire de La Clusaz.

Cette décision donnerait le feu vert au chantier. Un projet primordial pour l'avenir, selon le maire, sans étiquette, de la Clusaz, Didier Thévenet : "Ce qui est important, c'est de répondre aux besoins du territoire. On a besoin d'eau potable pour la population et on a besoin d'eau pour la neige de culture pour sécuriser notre enneigement pour les 30 années qui viennent et pour l'agriculture. C'est ça qui est important pour nous."

L'enquête publique avait donné un avis favorable au projet, malgré 76 % d'avis négatif de la population consultée. De plus, ses conclusions pointaient un rendement énergétique "discutable", la "destruction d’habitats et de spécimens d’espèces protégées" pour le mener à bien et un "impact négatif sur la biodiversité".

Si l'aval du préfet ne tombe pas dans les prochains jours, les travaux seront à reporter à 2022.

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