JO d'hiver 2030 : la crise politique sème le trouble pour la candidature des Alpes françaises

Faute de gouvernement en place, l'horizon s'assombrit pour la candidature des Alpes françaises à l'organisation des JO-2030. Le CIO demande la remise d'engagements financiers avant de désigner le futur organisateur des Jeux, mais la crise politique pénalise l'avancée du dossier.

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Prévue avant l'ouverture des JO de Paris, l'attribution des Jeux d'hiver 2030 aux Alpes françaises, seules en lice, devait n'être qu'une formalité. Mais la crise politique a tout chamboulé et les exigences du Comité international olympique (CIO) ne sont pas remplies.

"Sans garantie, on ne peut pas prendre une décision inconditionnelle pour l'attribution des Jeux. Toutes les parties prenantes en sont conscientes. On attend", a résumé jeudi 18 juillet Thomas Bach, le patron de l'instance olympique, interrogé par L'Equipe.

Le 12 juin, la commission exécutive du CIO avait posé une condition : la désignation des Alpes françaises, par un vote le 24 juillet de sa 142e session à Paris, sera "soumise à la remise" des engagements financiers de l'Etat et des deux régions concernées.

"La situation politique en France", c'est-à-dire la dissolution de l'Assemblée nationale qui venait d'être prononcée, n'a "pas permis de finaliser" ces documents destinés à couvrir un éventuel déficit de l'organisation, avait expliqué le CIO en juin.

Il s'agit avant tout de la garantie de livraison des Jeux, qui relève des compétences gouvernementales - et non de celles du président de la République - et doit donc être matérialisée par la signature du Premier ministre, avant d'être votée par le Parlement avec la loi de finances.

Candidature éclair

Or un tel engagement sort clairement du champ des "affaires courantes" gérées par le gouvernement. Et faute de bloc majoritaire dans la nouvelle Assemblée, à quel moment un futur gouvernement pourra-t-il reprendre ce dossier ? Quelle sera sa couleur politique et son degré de soutien aux JO ?

Le président du comité olympique français David Lappartient a assuré au CIO - dont il est membre -  "que toutes les parties prenantes et les partis politiques sont favorables aux Jeux d'hiver 2030 en France", raconte Thomas Bach à L'Equipe.

"J'ai l'impression que c'est un peu comme un dessin animé de Disney. Ça finit toujours par un happy end", confiait récemment Lappartient à l'AFP, optimiste sur l'issue du feuilleton.

Reste que la candidature française, préférée en novembre dernier à la Suède et la Suisse pour devenir "hôte pressenti" des JO, a été conduite en quelques mois par Laurent Wauquiez (LR) et Renaud Muselier (Renaissance), patrons des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud, avec le soutien appuyé de l'Elysée.

Ce montage éclair et personnalisé, sans débat local, ajoute désormais à l'incertitude, puisque Laurent Wauquiez a replongé dans l'arène nationale en prenant le 10 juillet la tête du groupe LR à l'Assemblée nationale.

Report du vote ?

"Il y a un petit temps de reconfirmation avec les deux exécutifs régionaux pour reconfirmer qu'ils sont toujours à fond", reconnaissait la semaine dernière une source gouvernementale auprès de l'AFP. D'autant qu'ils sont directement concernés par la deuxième garantie requise par le CIO, soit la "contribution de partenariat au budget d'organisation" des JO, de la part des deux régions et de l'Etat.

Si aucun de ces documents n'est livré d'ici le 24 juillet, l'instance olympique pourra-t-elle rejeter le dossier français, une humiliation cinglante pour le pays hôte à deux jours des Jeux de Paris qui s'ouvrent le 26 juillet ?

Personne dans le monde olympique n'envisage pour l'heure une telle issue, d'autant que le CIO avait clairement mis Suède et Suisse hors course pour 2030, faute notamment d'engagements publics suffisants.

Ces derniers mois, l'organisation a par ailleurs bouclé toute l'évaluation technique de la candidature, avec une visite en avril des sites, qui s'étagent de la Haute-Savoie à Nice en passant par Courchevel et Serre-Chevalier.

Mais le CIO, qui réunit samedi sa commission exécutive, a toute latitude pour reporter le vote, par exemple en convoquant une session extraordinaire à l'automne dès que les garanties françaises seront entre ses mains.

Thomas Bach a aussi laissé planer la possibilité d'une approbation partielle dès la semaine prochaine. "S'il y a encore des détails à régler, il faut connaître quelles conditions seraient encore à remplir. Ce sont des scénarios différents, il faut attendre", explique-t-il à L'Equipe.

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