Après la polémique autour de l'achat de followers sur Twitter, le Conseil départemental de la Haute-Savoie est aussi soupçonné d'avoir "acheté" de faux amis sur Facebook afin d'augmenter sa visibilité sur les réseaux sociaux. Le budget dépensé est conséquent: 14.999 euros.
C'est le maire de Saint-Julien-en-Genevois, Antoine Vielliard qui a "liké" l'affaire. S'appuyant sur le registre des délibérations de la Commission permanente (séance du 14/12/2015), l'élu MoDem a repéré deux lignes budgétaires allouées à l'opération "Facebook - Opération cap sur les 100.000 fans - Trading", confiée à la société Paprika.
Qu'a fait la société spécialisée dans le community management pour arriver à cet objectif? L'achat de fans est une pratique bien connue, des marques notamment. Pour apporter plus de crédibilité à leur page fan sur Facebook, acheter des "Like" à l'autre bout du monde est la méthode la plus rapide. L'agence qui a travaillé pour le Département a-t-elle menée pareille campagne? Quoiqu'il en soit la page Facebook du Conseil départemental affiche désormais un compteur dépassant les 100.000 fans. Et parmi ces fans, on trouve effectivement pas mal d'étrangers.
Contacté, le Conseil départemental n'a fait aucun commentaire. La question étant: doit-on utiliser de l'argent public pour acheter des fans sur Facebook?
Une équipe de France 3 Alpes a pu interroger la société suisse KBSD, spécialisée dans les médias digitaux, sur cette pratique. Elle travaille régulièrement avec des collectivités locales et témoigne d'une coutume, mais, selon elle, la somme investie ne correspondrait pas forcément et uniquement à des achats de faux amis. Il pourrait s'agir d'opérations de communications plus diversifiées, achats de bannières par exemple.
Le reportage vidéo de Nathalie Rapuc, Christian Mathieu et Laetitia Di Bin :
Intervenants: Antoine Vieillard, maire de Saint-Julien-en-Genevois (MoDem); Sherif Mamdouh, responsable de contenu relations publiques KBSD
Un précédent avec Twitter
Le 18 mai dernier, le Canard enchaîné a déjà révélé que le président divers droite du Département, Christian Monteil, avait avalisé, en avril, deux "opérations d'acquisition de followers" sur Twitter, pour le même montant total de 14.999 euros.En 3 mois, le nombre d'abonnés était passé de 2.500 à un peu plus de 10.000! Mais en parcourant les nouveaux profils on pouvait s'apercevoir que certains présentaient, eux aussi, les caractéristiques de ceux revendus par les entreprises et sites spécialisés, sans aucun tweet et aucun follower.