Trois personnes sont décédées, ces derniers jours, dans des avalanches sur les pentes himalayennes. Guides et experts pointent du doigt le changement climatique ainsi que l'attrait du risque de plus en plus prononcé chez des alpinistes parfois peu expérimentés.
Trois personnes, dont l'alpiniste américaine Hilaree Nelson, sont mortes dans l'Himalaya ces derniers jours. Ce dimanche 2 octobre, une nouvelle avalanche d'envergure a détruit une partie du camp de base du Manaslu (8 163 m). Plusieurs guides et experts de la montagne pointent du doigt le changement climatique pour expliquer l'évolution de la mortalité sur les plus hauts sommets du monde.
Entre 1950 et 2021, 1 042 décès ont été recensés sur les sommets du Népal, dont 405 depuis 2000. Un tiers des décès sont causés par des avalanches, selon une base de données locale, et un tiers par des chutes.
En 2019, une étude a montré que les glaciers himalayens fondaient deux fois plus vite qu'au siècle dernier. Une autre étude de 2022, basée sur la datation au carbone, a souligné que la couche supérieure de glace près du sommet de l'Everest avait environ 2 000 ans, suggérant que le glacier s'amincissait plus de 80 fois plus vite que le temps nécessaire à sa formation.
Des crevasses et des lacs glaciaires plus nombreux
Aucune autre étude approfondie n'a encore été effectuée sur le changement climatique et les risques croissants pour les alpinistes partant à l'assaut de l'Himalaya. Mais sur le terrain, les grimpeurs ont remarqué que les crevasses s'élargissaient, que de l'eau dévalait sur des pentes auparavant enneigées, et que les lacs glaciaires sont de plus en plus nombreux.
"Porter des crampons à neige sur une glace qui s'amincit et sur des rochers peut être particulièrement dangereux", a souligné l'alpiniste népalais Sanu Sherpa. "La couche neigeuse est beaucoup moins importante. Je crains que les montagnes ne soient que des rochers dans les prochaines générations."
En 2014, un immense mur de neige, de glace et de rochers s'était effondré sur l'Everest. L'accident avait causé la mort de seize guides népalais, un des accidents les plus meurtriers de l'Himalaya. "La météo est devenue plus imprévisible. Certaines années sont plus chaudes, d'autres plus froides", a déclaré à l'AFP le blogueur alpiniste Alan Arnette.
Un tourisme toujours plus important
Pour les experts, les accidents mortels touchent surtout une nouvelle vague de touristes, mal préparés pour les ascensions. Ils affluent par centaines au Népal, au Pakistan et au Tibet chaque année.
La croissance rapide de l'industrie de l'alpinisme a créé une concurrence féroce entre les entreprises, au prix parfois de la sécurité. En 2019, un embouteillage sur l'Everest avait notamment obligé les cordées à attendre des heures dans des températures glaciales, des conditions épuisantes pour les organismes.
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