Laurent Guillaume vous invite à la découverte du Chablais, ce massif Haut Savoyard situé entre Léman, Suisse et Mont-Blanc, une terre riche en histoires...

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S’il est une montagne particulièrement vivante et habitée, c’est bien le Chablais. Ses vallées douces qui remontent du Léman jusqu’à la frontière Suisse abritent des villages devenus pour la plupart - mais pas tous - des stations, comme Abondance, Châtel et Morzine.
Ici, l’agriculture est bien présente, les chalets traditionnels restent majoritaires face aux architectures touristiques, et le mélange entre la culture locale et les vacanciers venus du monde entier skier sur l’un des plus grands domaines skiables du monde, les Portes du Soleil, est saisissant.
Mais malgré tout, le Chablais a su conserver son âme, avec une identité bien ancrée. Le plus suisse des massifs français le doit à son histoire, à sa géographie, et au caractère bien trempé de ceux de la "Yaute"…

Ici, la frontière est encore aujourd’hui omniprésente

La Suisse n’étant pas dans l’UE : c’est l’un des rares endroits en France où l’on répond encore à la question qui faisait trembler nos parents quand ils rentraient d’Italie avec un peu plus d’apéritifs qu’autorisé "Avez-vous quelque chose à déclarer" ?

Mais les histoires de contrebande ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis le XVIIème siècle, d’abord pour passer du sel, puis ensuite pour le chocolat, le tabac, et tellement d’autres produits qui nous paraissent anodins aujourd’hui, les gaillards risquaient parfois leur vie.
La vieille douane de Châtel, où a travaillé l’ancien gabelou aujourd’hui dessinateur de BD Jérôme Phalippou a été transformée en musée, et raconte cette aventure humaine qui n’a pas totalement cessé aujourd’hui…

Un territoire à l’histoire géologique passionnante

Le Chablais, c’est aussi un territoire à l’histoire géologique passionnante, ce qui lui a valu le label UNESCO de "Géopark".
Ici, le paysage raconte la formation des Alpes, depuis les gorges impressionnantes du Pont du Diable jusqu’aux vallées élevées qui témoignent de la présence d’une mer tropicale à l’origine des temps. Au pied des parois calcaires, on imagine presque le bruit des vagues qui résonnait il y a des millions d’années, là où, plus proche de notre ère, des glaciers étincelants creusaient les vallées, formaient les lacs, avant de disparaitre à la fin de la dernière glaciation pour laisser place au paysage amène qu’on connait aujourd’hui.

Mais le plus fascinant reste la rencontre rapprochée avec les aigles de Jacques Olivier Travers. Dans cette émission, j’ai eu le privilège d’approcher ces rapaces impressionnants, et même de skier avec eux !

Laurent Guilaume

 

Sincèrement, le regard d’un aigle qui vous dévisage à quelques dizaines de centimètres peut paraitre glacial et peu avenant au premier abord... On peut voir dans sa pupille son regard acéré qui vous jauge, histoire de savoir si ça se mange ou pas, si ses serres vont pouvoir emporter un morceau, ou pas. Mais ça : c’était avant de partager un moment exceptionnel avec un aigle pêcheur répondant au nom de Fletcher…

Jacques Olivier Travers est passionné par les rapaces depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui, il lutte pour leur préservation, et même pour la réintroduction d’espèces endémiques du Léman qui avaient disparu de notre région. Il a consacré toute sa vie à ces énormes volatiles dont l’envergure dépasse couramment les deux mètres. Alors, les aigles, ce sont un peu ses enfants. La relation avec certains est tellement forte qu’il les emmène skier avec lui à Morzine, ou plus spectaculaire encore : dans la Vallée Blanche, seul au monde, avec son aigle.

Il n’a jamais considéré ses rapaces comme des bêtes de cirque. Lorsqu’ils volent avec Jacques Olivier : les aigles sont libres de partir, ou de revenir. Ils reviennent. Toujours. Mais s’il effectue des démonstrations de vol auprès du grand public : c’est pour le sensibiliser à la beauté de ces animaux, et à la nécessité de les protéger. Lorsqu’on parle avec lui, on comprend juste que sa complicité avec ses aigles est…incompréhensible ! Enfin, pour nous, communs des mortels, peu enclins à sentir les serres d’un tel oiseau se poser sur notre bras.

Et pourtant… L’après-midi passée avec Fletcher (NDLR : l’aigle) et Jacques Olivier m’a fait changer de regard sur ces impressionnants rapaces. Une montée en télésiège à côté du volatile tranquille, qui, comme n’importe qui, a fini par comprendre que ce mode de transport était moins fatiguant que de voler de ses propres ailes, a commencé à me le rendre plus sympathique... On oublie vite la pupille glaciale de l’animal, on prend du temps pour le comprendre, on évite d’avoir envie de le caresser (ces oiseaux détestent ça et leur bec crochu nous le rappelle facilement) mais, vraiment, on change notre façon de les voir.

Il était là, à côté de moi, toute l’après-midi. Tranquille… et même : sympa. On a skié ensemble, devant le regard médusé des vacanciers qui avaient l’habitude d’en voir parfois dans le ciel, très loin, très haut… Mais Fletcher était juste là, devant eux, avec nous.
Ce moment de proximité partagé avec un aigle a été une expérience véritablement enivrante.

>> "Le Chablais, terre d'exception" un magazine présenté par Laurent Guillaume et réalisé par Fréderic Fiol, diffusé le dimanche 22 janvier 2023 à 12H50 dans " Chroniques d'en Haut" sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes puis disponible en replay dans cet article et sur  France.tv.

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