Il en est le gardien depuis presque 40 ans. Jean Moati règne sur le refuge du Folly, au-dessus de la vallée de l'Arve et du Giffre. Mais bientôt, ce sera pour lui l'heure de la retraite. Portrait.
C'est ainsi chaque année, la deuxième moitié de septembre, tous les refuges de montagne ferment les uns après les autres. Au refuge du Folly, au-dessus de Samoëns, cette fermeture a une signification particulière car elle correspond à la dernière saison de son gardien. Jean Moati part à la retraite après 39 ans de bons et loyaux services.
Depuis presque quarante ans, monter au refuge du Folly, c'est retrouver Jean, son fidèle gardien. Le refuge et Jean,
une longue histoire d'amour écrite complètement par hasard. "Je faisais du delta et un copain m'a dit qu'un refuge allait ouvrir. C'était le 5 septembre 1075, j'ai postulé ça a marché"
Reportage Françoise Guais, Dominique Semet, José Manzanares, Jean-Jacques Picca :
A l'origine, c'était un petit chalet en bois. Deux avalanches plus tard, le bâtiment a été reconstruit, plus grand, plus haut, à 1600 mètres contre la paroi.
En 2001, le refuge s'agrandit, il gagne en confort, douches, petites chambres... La clientèle change, moins d'alpinistes, plus de randonneurs, le gardien s'adapte.
Salade du potager, petits plats mijotés, aujourd'hui Jean et son équipe passent la moitié de leur temps dans la cuisine. Au départ il savait à peine faire une omelette. "A l'époque dans un refuge on mangeait des soupes en sachet, des purées toutes faites, des plats tout simples", raconte Jean, "aujourd'hui si les gens prennent une demi-pension en refuge, c'est pour avoir une certaine qualité".
Avec le temps, le paysage devant le refuge lui aussi a évolué. Au départ le chalet était au milieu d'un alpage, pas un arbre autour. La forêt à présent est montée au moins de 200 à 300 mètres. Autrefois il y avait la neige jusqu'à début juin. Certaines années il n'y en a plus du tout début mai.
En mai prochain, après la trêve hivernale, Jean Moati partira à la retraite. A 63 ans, après 39 ans dans ce petit coin de montagne, le gardien passe le flambeau, avec de nombreux projets en tête...
Mais avant de tourner pour la dernière fois la clé de son refuge, Jean restera là-haut jusqu'au 4 octobre.