L'étape reine de ce Tour de France 2023 s'est disputée, ce mercredi 19 juillet, entre Saint-Gervais et Courchevel, avec quatre ascensions et près de 5000 mètres de dénivelé positif. Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar et les autres coureurs ont notamment fait face au col de la Loze et ses "infernales" ruptures de pentes.
Le col de la Loze est un ovni dans le monde du cyclisme. Des kilomètres de bitume avec des pentes qui passent d'un faux plat montant à des murs en l'espace de quelques coups de pédale. Ce mercredi 19 juillet, le col de la Loze a été le théâtre de toutes les passions et de la ferveur populaire. Mais aussi celui des déceptions : le Slovène Tadej Pogacar à la poursuite du maillot jaune Jonas Vingegaard a perdu tout espoir de victoire finale. Voici toutes les infos à retenir de cette étape.
L'histoire du jour
"On connaît la route, nous sommes d'ici. On sait qu'ils vont souffrir", sourit Brigitte. "Ils vont zigzaguer devant nous", ajoute Alain, l'air satisfait. Le couple de quinquagénaires a posé ses chaises pliantes à un endroit stratégique : à 300 mètres du sommet du col de la Loze, dernière ascension de cette 17e étape du Tour de France, ce mercredi 19 juillet.
Cette dernière difficulté du jour est le toit du Tour de France, à 2 304 mètres d'altitude. Elle n'a été gravie qu'une seule fois auparavant dans l'histoire de la Grande Boucle. Ses chiffres donnent le vertige : 28 kilomètres de montée à 6 % de moyenne. Mais certains passages dépassent les 24 %. "C'est casse-pattes. Plus on approche de la fin, plus les ruptures de pentes font mal. On a l'impression de ne jamais en finir, c'est l'image d'un col infernal", raconte Nicolas, avec un t-shirt à l'effigie de Thibaut Pinot.
"Vingt-quatre pour cent. C'est super raide. J'ai fait beaucoup de cols dans les Aravis et les Alpes, mais je n'ai rien fait d'aussi dur. On se fait mal, mais c'est un 'bon mal'. Ca fait mal aux jambes, mais c'est pour la bonne cause, on prend beaucoup de plaisir", assure de son côté Sacha, jeune garçon de 15 ans, qui vient de poser le pied à terre sous l'arche du sommet.
Ce mercredi, ce col de la Loze doit être le juge de paix de ce Tour de France. Au sommet, de nombreux supporters danois se sont rassemblés pour encourager Jonas Vingegaard, leader du classement général. Drapeaux, déguisement, maillot de foot de l'équipe nationale, chants de supporters... Tout y est pour encourager le maillot jaune dans cette ultime grande difficulté de la Grande Boucle.
Pour l'occasion, la mairie de Courchevel, où se termine l'étape, a vu les choses en grand. Un écran géant a été disposé juste en dessous de la route qui mène au col et un immense barnum a été installé pour vendre des sandwiches et des boissons. L'odeur du barbecue et des merguez grillées attirent les nombreux visiteurs du jour et une longue file d'attente se dresse jusqu'en-dehors de la tente. "C'est vraiment une belle ambiance. Mais quand je vois les visages des cyclistes amateurs qui terminent la montée, je me dis que j'ai bien fait de monter à pied", remarque Hugo.
Aux alentours de midi, des centaines de personnes s'étaient déjà donnés rendez-vous au sommet du col de la Loze : "C'est très dur comme montée. Il y a des ruptures de pentes à 20 %, des descentes vertigineuses où les coureurs prennent tous les risques possibles", ajoute le maire (divers) de Courchevel, Jean-Yves Pachod.
Une descente vertigineuse et donc des mesures de sécurité supplémentaires. La commune savoyarde a décidé d'installer de grands matelas dans certains virages en épingle, à quelques hectomètres de la ligne d'arrivée. Ces derniers avaient déjà servi lors des Mondiaux de ski, organisés en février dans la même station : "C'est la première fois que les coureurs vont descendre le col de la Loze (lors du passage du Tour en 2020, l'étape s'était terminée au sommet, ndlr). C'est une petite route, qui n'est pas très large. Nous avons fait beaucoup de sécurisation supplémentaire : des élargissements de certaines épingles, des grillages sur des talus et ces gros matelas... On a essayé de faire le maximum pour sécuriser ces personnes", détaille l'édile. Autant de moyens de protection qui auront permis aux coureurs de survivre à cette journée "en enfer".
Le gagnant du jour
L'équipe savoyarde AG2R-Citroën a enregistré sa première victoire d'étape sur ce Tour de France grâce à l'Autrichien Felix Gall, victorieux à l'altiport de Courchevel, ce mercredi. Parti dans la bonne échappée et auteur d'une attaque dans le col de la Loze, il a su résister au retour du Britannique Simon Yates (Jayco Alula).
Mais l'autre grand gagnant de cette journée est Jonas Vingegaard. Le Danois a profité de la méforme de son rival Tadej Pogacar pour s'envoler au classement général avec 7 minutes et 35 secondes d'avance sur le Slovène.
Le fait du jour
Le public et les amateurs de la Grande Boucle attendaient un sursaut du Slovène Tadej Pogacar dans cette dernière étape alpine. Il n'en a rien été. L'ancien vainqueur du Tour de France n'a pas profité des pentes du col de la Loze pour lancer une attaque. Au contraire, il a rapidement été décroché par le groupe du maillot jaune à l'entrée de Méribel, située à sept kilomètres du sommet du col.
L'image du jour
Ce mercredi, les coureurs ont sillonné les routes de Haute-Savoie pour la dernière fois de cette édition 2023 du Tour de France. Des paysages magnifiques, à l'image du lac de Roselend dans le massif du Beaufortain, qui masquent des ascensions éprouvantes. Parmi elles : le Cormet de Roselend (19,9 km à 6 %) est un habitué de la Grande Boucle.
Le chiffre du jour
5000. Le col de la Loze, mais aussi le Cormet de Roselend, la côte de Longefoy et le col des Saisies... Cette étape reine du Tour de France 2023 aura réservé de longues et terribles ascensions aux coureurs. Au total, ils auront gravi pas moins de 5000 mètres de dénivelé positif. Soit l'équivalent d'un mont Blanc, en toile de fond de cette dernière étape alpine.