2025, un Tour de France aux accents du nord, top départ de la célèbre course cycliste samedi 5 juillet à Lille. Dans la capitale des Flandres ou à Lauwin-Planque, autre ville étape, les Hauts-de-France se préparent à quatre jours de festivités. Hôtels, restaurants et acteurs du tourisme aux aguets.
“Les 4 et 5 juillet prochains, on est presque complet sur notre cinquantaine de chambres. Ce sont des dates importantes pour la métropole”, confie Léa, réceptionniste dans un hôtel à proximité de Grand Palais à Lille. Les effets du Tour de France 2025 commencent déjà à se faire sentir. Les lieux d'hébergement sont pris d'assaut. Dans cet hôtel, à l'est de la capitale des Flandres, les réservations fleurissent.
Lire aussi : Tour de France 2025 : un grand départ de Lille et 4 étapes dans les Hauts-de-France
Après Bilbao en 2023 et Florence en 2024, en 2025, la course cycliste démarre à Lille. Première étape : une boucle de 185 km, principalement plate, autour de la Métropole lilloise. Curieux, touristes ou aficionados du vélo, s'organisent. "Le taux d'occupation de l'hôtel pour le soir de l'étape et la nuit précédente affiche 90%. On sera plein à la fin de la semaine", affirme la réceptionniste.
Attirer les regards sur les Hauts-de-France
Dortoirs privatifs ou chambres familiales, toutes ces offres d'hébergement sont déjà indisponibles. Ces acheteurs auront déboursé 110 euros pour goûter à l'événement sportif. "Les gens aiment s'y prendre en avance. Ils viennent pour le Tour de France et pour faire du tourisme", analyse Léa, la salariée de l'hôtel lillois.
À l'image de tout boom de réservations, les hôteliers s'adaptent. "En général, on est deux à la réception. Là, on sera quatre pour accueillir les clients dans les meilleures conditions qui soient. On va sûrement commander plus pour servir suffisamment de petits déjeuners", confie la jeune femme.
En général, on est deux à la réception. Là, on sera quatre pour accueillir les clients dans les meilleures conditions qui soient.
Léa, réceptionniste d'un hôtel lillois
À Villeneuve-d'Ascq, en périphérie de Lille, son de cloche différent dans un hôtel à proximité du stade Pierre Mauroy. Les réservations ne sont pas encore ouvertes. Ici, l'hôtelier explique qu'il s'attend à voir "des gens de diverses régions, voire d’autres pays."
Le Tour de France se révèle ainsi un atout pour le territoire. François Navarro, directeur général d'Hello Lille, agence d'attractivité de la Métropole européenne de Lille, entend bien "attirer les regards sur les Hauts-de-France lors d'une des plus belles campagnes de communication au monde." Les lieux envisagés pour "mettre en avant Lille", selon lui, sont les moyens de transport, cafés, musées et restaurants.
"Accueil et convivialité" comme mot d'ordre
De points d'accueil à l'arrivée dans la ville, à la présence d'agent de tourisme à bord des trains en passant par un village festif, "l'organisation autour de l'événement sportif n'est pas encore fixée." La Métropole européenne de Lille, la municipalité de Lille et la région Hauts-de-France travaillent ensemble pour "assurer le meilleur de ces quatre jours."
Pour le touriste ou le Lillois, le parcours du spectateur du Tour de France, à Lille, se voudra "fluide", indique François Navarro. L'idée : “Transformer les curieux de l'événement en futurs visiteurs de demain.”
Jeux olympiques 2024, Coupe du monde de rugby 2023, ce n'est pas la première fois que Lille accueille un événement sportif de rang mondial. "Lors de ces évènements, le défi d'accueillir des milliers de visiteurs a été relevé haut la main. Je ne doute pas que le Tour de France à Lille soit magnifique", affirme le directeur général d'Hello Lille.
Voir cette publication sur Instagram
Les Hauts-de-France pourront compter sur leur sens de "l'accueil et de l'hospitalité", ajoute François Navarro. Pour charmer les visiteurs, la région mettra en avant sa culture et sa gastronomie. Ces atouts, Clément Marrot, président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie, les a bien en tête. "Avec le Tour de France, on passera à la télévision et on parlera de notre belle ville de Lille. On va prouver que dans les Hauts-de-France, on sait faire la fête", s'emballe le cuisinier à la retraite.
Avec le Tour de France, on passera à la télévision et on parlera de notre belle ville de Lille. On va prouver que dans les Hauts-de-France, on sait faire la fête.
Clément Marrot, président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie
Le Tour de France, ce n'est pas la première fois que le restaurateur de 44 ans de carrière y est confronté. D'abord avant les années 2000, en 1980 et 1982, puis récemment en 2014 et 2022. L'ancien restaurateur se remémore cependant des souvenirs amers de l'accueil du Tour de France à Lille. "Une année, à cause des barrières anti-attentat devant mon commerce, mes ventes ont été amputées pour la journée de festivité. La présence des caravanes du Tour a aussi détourné les clients des commerces du centre-ville."
L'attente de Clément Marrot pour le Tour de France 2025 : "plus de coopération avec les acteurs locaux." Entre deux pelotons de cyclistes, les visiteurs pourront consommer une bonne gaufre, une crêpe ou encore déguster de bonnes frites. Mais parfois les restaurateurs se préparent à accueillir du monde, sans d'importantes retombées économiques… “Nos restaurateurs sont toujours dans l'espoir d’avoir le maximum de clients. Ils vont se préparer pour un évènement de grande ampleur.", explique Clément Marrot.
Du côté d'éventuels hôtels qui accueilleraient les cyclistes du Tour, place à la discrétion. "Si on le savait, on ne l'annoncerait pas pour assurer l'intimité des équipes. Si nous sommes sollicités, nous nous tiendrons prêts", assure une hôtelière de la métropole lilloise.
Des hôtels pris d'assaut autour de Lauwin-Planque ?
Dans le Douaisis, à proximité de Lauwin-Planque (1 500 habitants), ville inédite, départ de la 2ᵉ étape de la course, le dimanche 6 juillet 2025, les hôtels se préparent aussi à loger des équipes. Du côté d'une hôtelière de Douai, "pour l'instant aucune demande. Je pense qu'on sera sollicité plus tard", raconte-t-elle. Accueillir des équipes constitue un défi technique. "Nous devrons transformer la salle séminaire pour les soins des coureurs, je crains qu'on manque de place", précise l'hôtelière.
Si cet hôtel de Douai n'accueille pas de coureurs, il espère bien que le Tour de France dynamisera sa fréquentation, mais à ce jour la période des réservations n'est pas encore lancée. "Ça va se décanter d'ici à la fin d'année. De plus en plus, les gens s'y prennent à la dernière minute. C'est encore tôt pour ressentir l'effet Tour de France", estime l'hôtelière.
Dans certains hôtels du Douaisis, malgré quelques réservations sur la période du 2 au 8 juillet, ça ne décolle pas encore. Alors que le réseau hôtelier de Douai risque d'être vite saturé, des chambres d'hôtes se tiennent à l'affût. "On est petit, mais on peut loger jusqu'à 15 personnes", souligne Marc Thierry, coprésident du club des hôteliers du Douaisis et gérant d'une chambre d'hôte. L'événement, une aubaine pour l'hôtelier : "Ça va nous remplir le week-end, car en taux normal l'été le taux de fréquentation ne dépasse pas 20%."
Des retombées économiques à la clé
"On n'a pas la mer, ni la montagne et la tour Eiffel, donc tout évènement qui peut apporter une activité touristique est bon à prendre", s'amuse-t-il. Sylvie Debreyne, présidente de l'Union des commerçants et artisans de Douai, est de cet avis. "Ça va mettre en lumière notre tradition des géants, car le Tour se déroule lors des fêtes de Gayant", dit-elle.
On n'a pas la mer, ni la montagne et la tour Eiffel, donc tout évènement qui peut apporter une activité touristique est bon à prendre.
Marc Thierry, coprésident du club des hôteliers du Douaisis
Restauratrice, elle s'attend à beaucoup de monde sur sa terrasse. "Pour ces fêtes, le restaurant est toujours complet une semaine en avance. J'accueillerai 300 couverts et j'embaucherai huit personnes en plus, mais malgré le Tour, notre capacité d'accueil ne sera pas extensible", plaisante Sylvie Debreyne.
Boost des réservations, grande affluence dans les villes étapes, la venue du Tour de France 2025 dans les Hauts-de-France s'annonce bénéfique économiquement. À titre d'exemple, dans une interview donnée à Capital, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, révèle que "dans toutes les études faites par les villes, il ressort un rapport de 3 à 8 entre le montant investi et le retour sur investissement. Ainsi, la ville d’Albi a publié une étude suite au passage du Tour en 2019, estimant les retombées à 1,5 million avec un rapport de 9 euros pour 1 euro investi."