Valentin Cuenot, 25 ans, s'apprête à participer à la course cycliste la plus dure au monde, le 11 juin. Il sera le seul Français au départ de la Race Across America, une traversée des Etats-Unis d’ouest en est, soit près de 5000 km à parcourir en moins de 12 jours.
"C'est la course la plus longue que j'ai trouvée : 5 000 km non-stop. Dans les courses longue distance à vélo, c'est le graal", sourit Valentin Cuenot, longeant le lac Léman sur son vélo. Un graal américain auquel le Thononais de 25 ans se prépare à domicile, sur les routes de Haute-Savoie, son terrain de jeu de toujours.
"Le tour du lac, c’est ici que tout a commencé, ici que j’ai commencé à faire mes plus longues sorties à vélo, ça fait 180 km environ. On a commencé avec un ami, on s’était fabriqué des vélos et c’est ici qu’on les a testés pour la première fois sur une sortie d’ampleur parce qu’on avait 14 ans. Pour nous, c’était vraiment immense, c’était l’aventure", se souvient-il.
Cet ami d'enfance, Victor Roche Menu, a lui aussi embarqué pour cette nouvelle aventure comme responsable de l'assistance technique. "On part sur une performance extrême. (...) Il faut savoir qu’il n’y a que quatre Français dans le monde qui ont terminé cette course en 42 ans d’existence, donc c’est quelque chose de très sérieux", assure-t-il. "Il a une capacité physique impressionnante et grâce à ça, aujourd’hui, on en est là. On part en Amérique, c’est un peu le rêve ultime."
La Race Across America, 4 800 km à parcourir pour 55 000 mètres de dénivelé positif, est réputée pour être la course d’ultrafond la plus difficile au monde. De la Californie à la côte est, les coureurs ont 12 Etats à traverser en moins de 12 jours. Par des chaleurs extrêmes jusqu'à des cols de montagne : 20 heures de vélo quotidiennes pour 29 participants triés sur le volet. Valentin Cuenot sera le seul Français sur la ligne de départ, le 11 juin.
Une préparation hors normes
Instructeur montagne au 27e bataillon de chasseurs alpins, le Haut-Savoyard est un habitué de l’effort et des courses longues. Sa routine d’entraînement ? Le tour du Mont-Blanc, 330 kilomètres en 13 heures, ou Thonon-Montpellier, 500 km en 20 heures. Et le garçon aime se faire mal.
"J'aime le dépassement de soi, découvrir des nouvelles sensations, des nouvelles douleurs, gérer l'effort, s'alimenter comme il faut, gérer le sommeil. C'est toute une stratégie qui fait qu'on peut arriver jusqu'à la fin", explique-t-il, toujours à l'entraînement sur son vélo avant de s'attaquer à la montagne.
Je sais que ça va être dur. Je sais qu'il y aura des moments où je n'aurai plus envie. Il faut le savoir, il faut être prêt.
Valentin Cuenot, participant à la Race Across America
Changement de vélo, changement de tenue et c’est parti pour 16 km d’ascension vers la frontière suisse. En cette fin avril, la météo est hivernale avec -2 °C au mercure. "Il faut chercher à se faire mal, c’est la résistance qui compte. La difficulté est passagère, ça sera forcément plus facile plus tard mais pour le moment, c’est dur", souffle-t-il.
Les pieds sont gelés, même avec des portions à 11 %. Des conditions que Valentin pourrait bien retrouver dans les premiers jours de compétition. "Là-bas, on monte à 3 300 mètres d’altitude au point culminant. C’est vraiment sur la première partie, dans les Rocheuses, qu’il y a énormément de dénivelé", ajoute-t-il.
"Le moteur, c’est le mental, c’est la tête. Il faut se préparer aux moments difficiles. On ne peut pas les annuler mais on peut se préparer. Je sais que ça va être dur. Je sais qu'il y aura des moments où je n'aurai plus envie. Il faut le savoir, il faut être prêt", complète Valentin. Une rigueur toute militaire pour un rêve de gosse : finir la course mythique, là où la moitié des engagés abandonnent. Et pour le vainqueur, aucune autre récompense que le dépassement de soi.