Le parc des Aigles du Léman espère lancer dès 2022 un programme de réintroduction des pygargues à queue blanche dans le bassin lémanique. Le premier couple reproducteur vient de s'installer dans une volière spécialement conçue pour relâcher leurs futurs petits.
C'est un rapace qui nichait autrefois sur les bords du lac Léman. Le pygargue à queue blanche, aigle pêcheur qui a disparu de la Haute-Savoie à l'état sauvage depuis plus d'un siècle, pourrait être réintroduit dans le bassin lémanique à partir de 2022. Jacques-Olivier Travers en rêve depuis quinze ans. Le fauconnier, propriétaire du parc des Aigles du Léman, touche presque au but.
Son projet a pris un nouveau tournant avec la construction d'une première volière de réintroduction. Un couple de pygargues y a été installé le 7 juillet, la première étape physique de son programme de réintroduction. "L'objectif, c'est de faire des tests. On a des systèmes pour les nourrir à travers les barreaux, un système de nettoyage... Le but, c'est d'intervenir le moins possible dans la volière", explique Jacques-Olivier Travers. Pendant un mois, les soigneurs vont observer l'acclimatation du couple dans sa nouvelle volière. Des modifications pourront être apportées, puis le modèle sera dupliqué à quatre autres volières qui restent à construire.
Ce programme de réintroduction a débuté il y a quinze ans avec les premières demandes d'autorisation. Alors que le projet se concrétise, la préfecture doit encore donner son accord pour que le projet voie le jour. La décision est attendue à l'automne. "Maintenant, on est dans la phase finale : on construit les volières, on installe les couples. L'objectif, c'est qu'en juillet 2022, les premiers pygargues nés ici repartent peupler le bassin lémanique", souhaite Jacques-Olivier Travers.
Jusqu'à 10 jeunes par an
Les cinq couples reproducteurs installés dans les volières pourraient donner naissance aux premiers petits dès l'été 2022. Les parents ne quitteront pas la volière mais leurs petits retourneront progressivement à l'état sauvage grâce à des doubles nids donnant sur la volière et l'extérieur pour garder le lien avec les adultes captifs. "Les jeunes, à l'âge de 6 semaines, vont passer dans le nid extérieur. Ils pourront aller dehors, revenir se faire nourrir par les parents. On espère ainsi créer une population qui reste plus longtemps, qui se fixe sur le site", détaille le fauconnier.
La première année, il pense relâcher six jeunes pygargues pour expérimenter différents aspects du programme de réintroduction : voir comment les parents élèvent leurs petits, tester des balises GPS sur les oiseaux relâchés... "Si tout est validé, à partir de l'année suivante, on relâche 10 jeunes par an pendant 8 ans. Au total, c'est presque 85 oiseaux qui vont retourner sur le bassin lémanique", complète Jacques-Olivier Travers.
Tout un symbole, 130 ans après l'éradication de l'espèce par l'homme dans le bassin lémanique. Le dernier couple vivant en France a été tué en 1892 à Thonon-les-Bains. "Il y avait quatre couples jusqu'au début du XXe siècle qui nichaient sur les bords du lac Léman. C'est à peu près le maximum qu'on pourra accueillir, raconte Jacques-Olivier Travers. On sait aussi qu'il faut relâcher beaucoup d'individus pour arriver, au bout de cinq ans - qui est l'âge de la maturité sexuelle - à avoir au moins quatre couples qui restent sur les bords du lac Léman. C'est l'objectif de notre programme."
En réintroduisant régulièrement des oiseaux, le fauconnier espère fixer une population de pygargues dans le bassin lémanique. Avec l'espoir d'attirer des individus venant d'autres régions d'Europe.