Elle est l'une des rares enfants à avoir survécu à la rafle du Vélodrome d'Hiver en 1942. Agnès Buisson est venue témoigner devant les enfants de l'école primaire de Méaudre (Isère) pour transmettre son histoire. Elle s'était réfugiée dans ce village avec sa maman à seulement 9 ans.
Une école porte désormais son nom. Cette même école du plateau du Vercors où Agnès Buisson était scolarisée pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle était l'une des 14 enfants juifs cachés à l'école primaire de Méaudre, en Isère. Lundi 21 juin, elle est retournée dans ce village pour le remercier de ne pas l'avoir dénoncée à l'époque. A 87 ans, elle est l'une des rares enfants à avoir survécu à la rafle du Vélodrome d'Hiver en 1942. Une histoire dont Agnès Buisson est venue témoigner devant les enfants de l'école primaire qui porte désormais son nom.
"Avez-vous voulu changer de religion ? Êtes-vous toujours juive ?", lui demande Silia, élève de 9 ans. "Je voulais savoir si elle était encore juive et si elle avait voulu changer de religion parce que c'était dur d'être juive", explique la fillette. "Je n'ai jamais voulu changer de religion mais j'aurais été bien contente d'être chrétienne pour être un petit peu tranquille", a simplement exposé Agnès Buisson qui s'est adressée toute la matinée aux écoliers, répondant à des questions sans filtre que certains adultes n'auraient peut-être pas osé poser.
"On a une chance inouïe de l'avoir parce que, bien sûr, on raconte des anecdotes, on essaye de raconter l'histoire de façon vivante. Mais quand elle vient, les enfants voient bien qu'on ne leur a pas raconté n'importe quoi, que l'histoire est là. Je crois qu'ils étaient au rendez-vous avec elle", s'est réjouie la maîtresse de la classe de CE2/CM1, Sophie Marchand.
"C'est éternel"
Agnès s'est réfugiée à Méaudre avec sa maman à seulement 9 ans. Elle était scolarisée dans cette école sans que sa religion juive ne soit divulguée. Près de 80 ans plus tard, elle ouvre de nouveau les portes de l'établissement, cette fois-ci pour transmettre. "Si on raconte ça à un adulte, il a déjà des idées préconçues. Il vote à droite, il vote à gauche. Mais un enfant, il écoute une vérité et ça, c'est fondamental", estime-t-elle.
Avec des chants, des poèmes ou des dessins, les élèves ont souhaité en retour lui rendre hommage. L'école primaire de Méaudre a enfin trouvé son nom, elle s'appellera désormais Agnès Ruger-Buisson. "L'honneur qui m'est fait est incommensurable. C'est le nom de mon père, et pour mes enfants, c'est éternel", s'est émue l'intéressée qui a tenu à financer une plaque pour remercier le village de ne pas l'avoir dénoncée.