Haute-Loire : un ancien réfugié juif pendant la guerre au Chambon-sur-Lignon lègue sa fortune à la commune

En Haute-Loire, la commune du Chambon-sur-Lignon vient d'apprendre qu'elle est désignée légataire universel de la fortune d'un ancien réfugié juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Le montant précis n'a pas été dévoilé.

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C’est une bonne nouvelle qui est arrivée en début d’année. Un notaire a contacté début janvier le maire de la commune du Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire pour lui annoncer que la ville allait bénéficier d’un legs de près de 2 millions d’euros. Le légataire s’appelle Erich Schwam, c’est un ancien réfugié juif pendant la Seconde Guerre mondiale dans la commune. Il était d'origine autrichienne. Denise Vallat, adjointe à la culture et à la communication du Chambon-sur-Lignon, explique : « Un notaire de la banlieue lyonnaise a appelé notre maire il y a à peu près 3 semaines. Erich Schwam n’a pas eu d’enfants. C’était un monsieur très discret et il ne souhaitait pas beaucoup de publicité à propos de son geste. On sait peu de choses sur le donateur mais on a fait des recherches. On sait qu’Erich Schwam a vécu toute sa vie d’adulte à Lyon et dans la banlieue lyonnaise. Il a fait des études de pharmacie. Il a épousé une Lyonnaise en 1956, date à laquelle il a été naturalisé français. Il a mené une vie très discrète de pharmacien de laboratoire ».

Une enfance pendant la guerre

Elle poursuit : « Il y a un peu moins d’une dizaine d’années, il était venu voir la maire de l’époque, madame Wauquiez, et il avait fait part de son intention de léguer quelque chose à la commune. Mais après, on n’a plus eu de nouvelles. Il n’avait pas de relations avec des personnes du Chambon. Il a été très discret. Il est décédé en décembre dernier ». Petit à petit, on a pu retrouver la trace du passage d’Erich Schwam en Haute-Loire. Denise Vallat raconte : « Avec ses parents et sa grand-mère maternelle, il a été réfugié au Chambon à partir de février 1943. Il est né en 1930. Son père était médecin à Vienne, en Autriche. Erich était enfant unique. On ne sait pas quand la famille est venue en France, ni par quel biais. La première trace que l’on trouve est en 1942, au camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales. Une assistante sociale suisse a écrit un journal dans lequel on trouve des informations sur la mère d’Erich, Malcie. Elle avait créé une bibliothèque dans le camp. Quant au père, il aurait travaillé dans une maternité, à Elne. Le camp a fermé en novembre 1942. On retrouve trace de la famille en février 1943 au Chambon. On a retrouvé la mère est son fils à Faïdoli, une maison d’enfants du Secours suisse. Il semblerait que Malcie Scham y ait travaillé. Le père aurait quitté le Chambon car il se sentait menacé. On perd un peu sa trace. On retrouve une mention sur la liste des étrangers à la préfecture du Puy-en-Velay. On sait que la famille a survécu. Les parents sont retournés en Autriche. On a le certificat de décès du père et de la mère. Apparemment Erich aurait quitté le Chambon en 1950 pour Lyon ».

Un montant qui ne sera pas dévoilé

Un chiffre de 2 millions d’euros a été avancé mais la commune ne souhaite pas communiquer sur le montant car elle ne le connaît pas encore. Le notaire n’a pas terminé ses investigations. « Eric Schwam a fait dans son testament de la commune du Chambon son légataire universel. La commune devra verser à 3 associations les dons dont il a précisé clairement le montant. Dans son testament, la seule chose qu’il indique est qu’il fait ce choix en remerciement de l’accueil que les habitants du Chambon lui ont réservé pendant la guerre » affirme l’adjointe à la culture et à la communication. Les associations bénéficiaires n’ont pas encore été averties. Denise Vallat précise : « Quand une commune reçoit un legs comme celui-ci, le conseil municipal doit donner l’autorisation au maire d’accepter le legs. Or nous n’avons pas encore eu le temps de réunir le conseil municipal. Nous ne savons pas encore quel est le montant exact du legs. Le conseil municipal aura probablement lieu en février ».

Un legs extraordinaire

« Nous ne souhaitons pas communiquer sur le montant pour une autre raison. Cela choquerait beaucoup de personnes car celles qui ont accueilli des juifs pendant la guerre, l’ont fait sans arrière-pensée. C’était souvent des personnes très modestes. Mettre en avant uniquement le montant serait choquant et pourrait constituer une insulte » explique l’élue. C’est la première fois que le Chambon-sur-Lignon bénéficie d’un tel legs. Denise Vallat conclut : « Il y a eu des donations, beaucoup de documents. Mais aucun legs de cette importance n’a été fait par le passé, à notre connaissance ».

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