Ce lundi 14 octobre, un randonneur a filmé des éboulements dans la commune des Contamines-Montjoie, en direction du col du Bonhomme. De gros blocs rocheux ont dévalé la pente à toute vitesse, sans faire de blessés.
Le 14 octobre dernier, Vincent Beaussaert se trouvait sur l'itinéraire de randonnée du Tour du Mont-Blanc en direction du col du Bonhomme. Peu avant 14 heures, il a assisté à des éboulements au niveau du refuge de la Balme, un événement que le Haut-Savoyard a filmé et diffusé sur le réseau TikTok.
@_vinz_57 ⚠️14/10/2024 éboulement direction col du bonhomme au niveau du refuge de la balme sur l’itinéraire du TMB 🏔️ #pourtoii #foryou #eboulement #tmb ♬ son original - Vincent | rando & montagne 🏔️
"J'ai entendu le bruit de roches et j'ai vu la montagne se décrocher", explique Vincent joint par téléphone ce 17 octobre. Devant lui, trois randonneurs marchaient un peu plus loin. "Ils se sont réfugiés derrière un gros rocher et ont échappé à l'éboulement à quelques minutes près", précise le jeune homme de 22 ans.
Une fois le danger passé, Vincent décide de monter vers le col pour vérifier qu'il n'y a pas de blessés. Il croise seulement un randonneur anglais, venu des Lacs Jovet, qui lui confirme n'avoir vu personne.
De fortes pluies étaient tombées sur ce secteur du Pays du Mont-Blanc. "La météo et la pluie sont des facteurs à prendre en compte bien sûr avant de randonner, ce chemin est généralement peu exposé aux éboulements mais ce passage-là est plus proche du flanc de la montagne", détaille le jeune homme qui réside à Sallanches.
Hors zone de permafrost
"Le nombre d'observateurs en montagne a augmenté et plus de gens filment ces éboulements, ce qui donne une impression de fausse fréquence des évènements", temporise Ludovic Ravanel, géomorphologue et directeur de recherche au CNRS. La zone des éboulements du 14 octobre se situe à 2 000 mètres, hors zone de permafrost.
Selon le chercheur, le phénomène s'explique relativement bien par les fortes pluies qui ont touché la zone. "Les fortes précipitations augmentent la pression hydraulique dans les fissures et cela peut suffire à la déstabilisation des blocs", précise le chercheur.
L'eau rentre dans les fissures et la pression suffit donc à déstabiliser les terrains, l'eau agissant comme un "lubrifiant", cela contribue à faire tomber des roches. Le phénomène est d'autant plus fréquent à l'automne et au printemps avec des terrains chargés par les pluies. "Ce type d'évènement serait passé totalement inaperçu si quelqu'un ne l'avait pas filmé", explique Ludovic Ravanel.
Toutefois, dans les zones de plus de 3 000 mètres, la situation est différente avec une augmentation de la fréquence des éboulements. Le permafrost se réchauffe, se dégrade, et sa glace dégèle. "En plus haute altitude, nous avons validé scientifiquement que le permafrost fond en raison de la crise climatique : la glace présente dans les fissures se réchauffe et cause une dégradation de la roche et donc, des blocs rocheux tombent", conclut le chercheur.