VIDEO. Ouka et Shams : la belle histoire du chien et de son maître qui volent en parapente au-dessus des Alpes

Shams et son chien Ouka sont devenus des phénomènes sur les réseaux sociaux, en l'espace de quelques mois. Les vidéos des aventures en parapente de ce beau duo sont visionnées des milliers de fois.

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"Il avait autant besoin de moi, que moi j'avais besoin de lui. On s'est bien trouvés." En quelques mois, Shams et son chien Ouka sont devenus les meilleurs complices. Au point de partager toutes leurs aventures ensemble. Et notamment le parapente.

Leurs virées dans les airs passionnent les réseaux sociaux. Leur compte Instagram rassemble près de 100 000 abonnés. "J'étais très loin de me douter que ça allait prendre cette ampleur-là", explique le parapentiste de 39 ans, qui sillonne les Alpes avec son chien (un Samoyède de 3 ans et demi) depuis la fin de l'été dernier. Rencontre avec un duo de haut vol.

"Bonjour Shams. Tout d'abord comment t'es venu cette folle idée de voler avec ton chien ?

Je savais que c'était possible de voler avec un chien. Je ne suis pas le premier à faire ça. Dans le milieu du parapente, ce n'est pas commun, mais ce n'est pas inédit non plus.

Shams et son chien Ouka ont appris à voler ensemble en parapente, en l'espace de quelques mois. ©Shams

Je suis pilote depuis plus de 15 ans. Je savais que j'allais essayer de faire ça dès que j'allais avoir un chien. Ouka, c'est un chien de traîneau, il est habitué aux montagnes. On les monte ensemble, puis on les descend ensemble en parapente. C'est un mix parfait.

Quand as-tu décidé de faire part de vos aventures sur les réseaux sociaux ? Tu t'attendais à un tel succès ?

J'ai commencé à poster nos sorties avec Ouka pour faire plaisir à mes proches. Mais j'étais vraiment très loin de me douter que ça allait prendre cette ampleur-là. On n'est pas les premiers, donc on est surpris de voir que les internautes découvrent ça. Quand on a commencé à voler, je pense que nous avions 100 followers sur le compte de Ouka. Ça a explosé après, mais on ne l'explique pas.

Tu es réalisateur de vidéos, cela a peut-être pu t'aider à réaliser des contenus de qualité...

Oui, mais l'explication est toujours difficile. C'est vrai que faire des images, c'est mon métier. J'ai bossé pour des marques comme Red Bull, où le but est de produire des vidéos qui deviennent virales. Des fois ça marche, des fois ça ne marche pas.

Là, dans le cadre de Ouka, je pense que c'est la combinaison de plusieurs choses. On est dans une période difficile, avec le Covid, les crises internationales avec l'Ukraine, les élections, l'essence... Ce n'est pas génial. L'histoire qu'il y a autour de nous a peut-être amené un peu de baume au cœur.

On ne fait pas trop attention aux réseaux sociaux et au nombre de vues. Mais c'est agréable de se sentir soutenu. Juste hier, j'ai mis une story pour dire qu'Ouka était un peu malade en ce moment et il a reçu plus d'une centaine de messages de soutien dans la nuit.

Comment as-tu rencontré Ouka ?

Je l'ai adopté quand il avait presque trois ans. Il a été abandonné à deux reprises, ou plutôt remis dans un élevage-refuge. La première fois, les propriétaires vivaient dans un petit appartement et l'avaient acheté un peu comme une peluche pour leurs enfants. Il s'agit d'un chien nordique, qui aime les grands espaces et les activités. Du coup, ils n'ont pas réussi à l'éduquer et l'ont ramené à 8 mois.

Les deuxièmes propriétaires, je pense qu'ils l'ont pris pour qu'il se reproduise. Nous savons qu'il a eu des bébés. Puis, ils ont fini par le rendre tout parasité. Il est donc très content d'avoir une nouvelle vie pleine d'aventures.

Quel lien as-tu désormais avec ton chien ?

Ouka a changé ma vie. C'est sûr. Je ne pensais pas qu'adopter un chien allait avoir un si fort impact et qu'on allait créer une relation aussi importante. Il avait autant besoin de moi, que moi j'avais besoin de lui. On s'est bien trouvés.

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Ouka a progressivement appris à faire du parapente et peut désormais faire de longues sorties avec son maître Shams. ©Shams

Qu'est-ce qu'il t'a amené personnellement ?

Quand j'ai adopté Ouka, c'était dans une période de ma vie où je n'allais pas très bien. J'étais en grosse dépression. Ouka s'en fiche que tu ailles bien ou pas le matin. Il se lève, et il a envie d'aller courir, d'aller jouer.

C'était un chien, qui n'avait pas eu beaucoup de chance avant que je ne l'adopte. Il n'a pas eu beaucoup l'occasion de sortir dans sa vie. Quand je l'ai amené dans les montagnes, il était assez fou. Ça m'a motivé à bouger et à remettre le pied à l'étrier. Ça a ramené des choses positives en moi.

Comment as-tu fait pour qu'Ouka puisse voler avec toi ?

Tout s'est fait petit à petit. Au début, nous sommes restés sur le côté de la zone de décollage pendant plusieurs semaines. Tous les jours, il voyait les parapentes venir voler. Il a pu s'habituer à tout cet environnement, au son de la voile... Il regardait ça avec intérêt : il a observé les décollages, il était bloqué par ce phénomène. Il n'avait pas peur, aucune anxiété.

Je me suis ensuite mis à jouer avec ma voile de parapente, lui apprendre qu'il ne fallait pas marcher dessus ou sur les petites ficelles. Et puis nous avons commencé à essayer son harnais. C'est un équipement spécial car Ouka est un gros chien qui fait 27 kilos. Il n'a jamais rouspété, il ne disait rien. C'était surprenant de le voir aussi calme.

On lui a ensuite appris à venir s'installer. Avec la simple commande "décollage", il va venir se positionner entre mes jambes pour que je l'accroche, puis on va courir ensemble pour décoller.

Comment s'est passé le premier vol ?

Ça a été très court. Nous avons volé une dizaine de secondes. On a décollé, on a volé quelques mètres et on s'est tout de suite reposés. Là, il a eu la sensation de voler, de ne plus avoir ses pattes au sol.

J'ai ensuite regardé sa réaction. Il n'a pas eu peur, il n'a pas fui en courant. Il est resté à côté de moi et a eu le droit à ses câlins. Nous sommes ensuite remontés, puis nous avons progressé. On a volé une minute, puis cinq minutes, puis un quart d'heure et ainsi de suite. À chaque fois, je regarde ses réactions après le décollage ou à l'atterrissage. Il n'a jamais montré de signes d'anxiété, de peur, de traumatisme.

Combien de fois avez-vous volé ensemble ?

Nous avons fait une dizaine de vols. Et à chaque fois, il a eu un comportement très joyeux.

Certains internautes crient à la maltraitance animale. Comment tu réagis à cela ?

Quand je dis "décollage", c'est lui qui fait le geste de venir. Je ne l'attrape pas, je ne le force en rien. Quand il ne veut pas faire quelque chose, il le fait savoir très clairement. Pour l'instant, il est toujours partant.

Sur mes réseaux sociaux, j'ai fait le choix de bloquer les personnes qui criaient à la maltraitance animale. Je ne réponds même pas. C'est une perte de temps d'expliquer comment ça se passe. Mais le seul truc que je pourrais dire, c'est de venir voir par eux-mêmes, comment on fait, comment on vit.

Il y a encore beaucoup de méconnaissance sur ce que l'on fait. Certains auteurs de commentaires ne connaissent même pas le parapente. D'autres demandent s'il n'a pas trop froid, alors que c'est un chien de traîneau. On m'a également demandé de lui mettre des lunettes à cause de la vitesse, mais quand il court, il va plus vite que lorsqu'on vole.

Pour certaines personnes, un chien c'est fait pour être assis sur un canapé. Ce n'est pas ma vision des choses. La pratique du parapente demande de la vigilance sur les éléments, les conditions de vol, la météo... Je fais attention à tout et à Ouka."

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