Il y a quelques semaines, un chat forestier a été filmé dans le massif des Bauges grâce à un piège photo. Cette espèce, protégée depuis 1979, reste rare dans les Alpes. Mais elle refait petit à petit son apparition dans les deux Savoie. "Une bonne nouvelle pour la biodiversité", estiment les défenseurs de la faune sauvage.
Agile et discret, le chat observé fin 2022 dans les Bauges ressemble à s’y méprendre à un chat domestique. Même carrure, même poils, à la différence près qu’il possède une queue touffue se terminant par une pointe noire.
"Il se reconnaît aussi à l’épaisse ligne noire qui court le long de son dos" ajoute Vianney Bajart, bénévole pour la Ligue de Protection des Oiseaux. C’est grâce à un piège photo, installé dans une forêt des Bauges, qu’il a réussi à filmer l’animal.
Une espèce protégée
On l’appelle souvent, à tort, le chat sauvage. Bien qu’il se tienne à distance des humains, le chat forestier est une sous-espèce à part entière. Il se nourrit de petits rongeurs, comme des mulots et des campagnols, mais aussi de petits oiseaux.
Autrefois chassé, le Felix Silvestris silvestris est protégé au niveau national depuis 1979. Depuis, sa population, surtout présente dans le nord-est de la France, reconquiert des territoires plus au sud. En Rhône-Alpes, il est vite arrivé en Isère, notamment dans le massif de la Chartreuse, ainsi que dans la Loire et en Auvergne. L’espèce a ensuite progressivement colonisé l’Est de la région, comme dans le massif des Bauges où Vianney Bajart a filmé le chat forestier.
Aujourd’hui, c’est dans l’Ain que le félin est le plus présent, car le département représente les 2/3 des observations réalisées au niveau régional.
Malgré tout, le chat forestier reste une espèce rare, et très difficile à observer. "C’est une espèce qui fuit l’Homme, c’est très difficile de la voir en vrai, souligne le naturaliste. Cette espèce n’était plus présente chez nous, mais on la voit arriver de plus en plus et c’est une bonne nouvelle. En ce moment, on parle souvent de l’effondrement de la biodiversité. Mais ce retour du chat forestier montre qu’il y a aussi des bonnes nouvelles."
La reproduction et l’hybridation
En octobre 2021, Vianney Bajart est parvenu à filmer deux chatons grâce à sa caméra automatique (voir vidéo ci-dessous). La reproduction, estimée à deux ou trois chatons par portée, garantit le développement de l’espèce sur le territoire national. Mais c’est aussi la plus grande menace qui pèse sur le félin.
Selon le site Atlas des Mammifères en AURA, qui recense les espèces sauvages de la région, le principal risque pour les chats forestiers est l’hybridation. C’est-à-dire le croisement avec un chat domestique. Plus fertiles que leurs cousins sauvages, les mâles domestiques ont tendance à s’accoupler avec les femelles forestières en dehors de la période de rut normale de l’espèce. "Le problème de cette hybridation, c’est qu’elle dilue petit à petit le patrimoine génétique du chat forestier" explique Vianney Bajart.
La disparition progressive de l’habitat forestier contribue à cette hybridation, puisqu’elle augmente les risques de rencontre entre les deux sous-espèces. En Auvergne, des chercheurs ont mené des analyses ADN pour tenter de connaître le degré d'hybridation des individus.
Pour France Nature Environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux, l'une des solutions à ce problème serait de mener des campagnes de sensibilisation auprès des propriétaires de chats domestiques.