Les élus du Biot veulent abandonner le ski pour se reconvertir dans la "montagne douce".
Drouzin-le-Mont (74) : La fin du ski alpin ?
En Haute-Savoie, la petite station de Drouzin-le-Mont risque de fermer ses pistes de ski alpin d'ici à l'hiver prochain. En cause, un manque de recettes. Sur place, les propriétaires de chalets ou appartements accusent le coup.
Les élus de la commune du Biot (Haute-Savoie) veulent démonter les deux télésièges de leur petite station et abandonner le ski alpin pour se reconvertir dans la "montagne douce". Une décision extrêmement rare qui suscite la colère des résidents secondaires.
La petite station de Drouzin-le-Mont, située à 1.230 mètres d'altitude, 5 km au dessus du bourg du Biot, fonctionne depuis 1973 et compte 2 télésièges, 4 tire-fesses et 16 pistes.
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Le propriétaire actuel, le promoteur immobilier Michel Vivien, a décidé d'en arrêter
l'exploitation, très déficitaire. La station perdrait en effet entre 120.000 et 150.000 euros par an.
La commune a donc proposé un projet de reconversion vers "la montagne douce", prévoyant le développement de nouvelles activités telles que le ski de fond, les raquettes, le VTT ou la randonnée.
"Il y a plein de choses à faire en montagne sans avoir des câbles au-dessus de nos têtes. On aura du monde, je n'ai pas peur", a indiqué le maire.
"Les stations de moyenne montagne n'ont pas d'avenir à 10 ou 15 ans en raison du changement climatique. Plus une station se reconvertit tôt et plus elle sera attractive", a pointé le sous-préfet de Thonon-les-Bains Jean-Yves Moracchini.
Les propriétaires de résidences secondaires sont en revanche vent debout contre
ce projet.
"S'il n'y a plus de station, les appartements vont perdre entre 25 et 50% de leur valeur", estime ainsi Jean Beslard, président d'une association qui regroupe "environ 400 foyers".
Les résidents secondaires sont prêts "à participer au déficit de la station" pour qu'elle reste ouverte, affirme-t-il, brandissant même la menace d'une inscription sur les listes électorales pour faire "sauter" le maire de cette petite commune d'environ 450 habitants aux municipales de 2014. "S'il faut aller jusque-là, on le fera", assure-t-il.
Les cas de fermetures sont rares
Les cas de fermetures de stations sont "extrêmement rares" en France, selon Laurent Reynaud, président de Domaines skiables de France, qui regroupe 236 opérateurs.
"Les remontées mécaniques créent des emplois difficilement substituables. La fermeture fait courir le risque de la désertification", pointe-t-il.
Un des rares cas de fermeture s'est déroulé à Abondance, station voisine de Drouzin, qui avait décidé d'arrêter le ski alpin en 2007 avant de rouvrir deux ans plus tard grâce à sa reprise par des investisseurs américains.
Ces derniers se sont cependant retirés en 2011 après "deux années de grosses pertes" et la station est à nouveau gérée par la mairie.
Avec des quantités de neige en baisse de 30% sur 30 ans dans les Alpes, selon l'observatoire du changement climatique, l'avenir des petites stations est particulièrement incertain.
Le ski reste une "activité économique irremplaçable", assure cependant Gilbert Blanc-Tailleur, président de l'Association nationale des maires de station de montagne(ANMSM), qui souligne que "les stations se sont toutes un peu diversifiées dans le ludique et le bien-être".
La saison dernière, Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère) a ainsi fermé sa télécabine principale en semaine, sauf le mercredi, en dehors des vacances scolaires, ses pistes restant néanmoins accessibles par d'autres remontées.
Signe d'un souci de diversification, elle avait lancé en 2011 la première station dédiée au trail (course en pleine nature) de France.