Les "as des cimes" du GMHM près de l'exploit en cordillère Darwin au Chili
Selon l'AFP, les six alpinistes du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) de Chamonix, qui avaient entrepris le 6 septembre la traversée intégrale de la cordillère Darwin dans l'extrême Sud du Chili, sont en passe de signer une première mondiale dans les domaines de l'exploration et de la course en montagne
"Nous sommes sur le sommet du dernier col, à 2.000 m d'altitude. Nous venons de gravir trois sommets vierges entre les Monts Darwin et Shipton. Nous étions sous un vent violent, on a joué les funambules sur les crêtes...", a déclaré le lieutenant Didier Jourdain à l'AFP, par téléphone satellite, lundi.
Les "as des cimes" de l'armée française sont :
- le capitaine Lionel Albrieux, 40 ans,
- le lieutenant Jourdain, 37 ans,
- l'adjudant-chef Sébastien Bohin, 38 ans,
- le sergent-chef François Savary, 38 ans,
- Dimitri Munoz (grimpeur civil du GMHM, 38 ans),
- le caporal Sébastien Ratel, 25 ans.
Ils se trouvaient mardi sur les derniers contreforts glaciaires de la cordillère, à une trentaine de kilomètres de leur point d'arrivée sur le canal de Beagle.
Terre inexplorée
La petite cordillère Darwin, longue de quelque 150 kilomètres d'Ouest en Est dans les 50èmes Hurlants entre le détroit de Magellan et le canal Beagle, au Nord-Ouest du Cap Horn, constitue la queue australe de la cordillère des Andes au Chili.
Elle est une des dernières Terrae Incognitae ou "rectangle blanc" (NDLR: territoire jamais foulé par l'homme) sur le planisphère.
Conditions extrêmes
Avant le GMHM, plusieurs expéditions internationales ont tenté d'en réaliser la traversée intégrale.
Elles ont toutes échoué, tant les conditions à la fois météorologiques (pluie, neige, brouillard, vent violent) et de terrain (champs chaotiques de glace, crevasses, avalanches) sont au-delà des normes de la course en montagne, y compris sur les plus hauts sommets du monde.
Charles Darwin la découvrit en 1832 lors de son tour du monde à bord du Beagle, prélude à sa "Théorie de l'évolution des espèces".
Saut dans l'inconnu
Les six hommes du GMHM avaient été largués par bateau, depuis Punta Arenas, le 6 septembre, au pied Ouest de la cordillère.
Chargés de 450 kg de matériel porté sur le dos ou traîné sur des pulkas, leur progression, pendant un mois, s'est faite en dents de scie.
Les 15 premiers jours, ils n'avaient réussi à parcourir qu'une trentaine de kilomètres, tant les obstacles étaient nombreux et d'un très haut niveau technique.
"La réalité dépasse de loin ce à quoi nous nous attendions, avait alors expliqué le lieutenant Jourdain à l'AFP, lors d'une précédente liaison téléphonique. Ici, ce sont les quatre saisons en une seule journée. Les conditions sont au-delà de l'extrême".
La stratégie de Foch
L'une des principales difficultés fut le Mont Darwin (2488 m), sommet de la cordillère, planté comme une immense barrière infranchissable sur leur route.
"Nous avons cherché toutes les voies pour le contourner... impossible !" raconte Didier Jourdain. Les hommes du GMHM ont alors mis en pratique la stratégie guerrière du Maréchal Foch: "Mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j'attaque".
Bénéficiant d'une embellie météo avec des vents soufflant de l'Atlantique à l'Est qui ont nettoyé le ciel (le "printemps patagon", équivalent de notre "été indien"), ils se sont attaqués à la montagne et l'ont vaincue en une poignée de jours.
Le reste de leur périple devrait être maintenant une promenade de santé dans la campagne de Terre de Feu et à travers l'épaisse forêt primaire.
Ils sont attendus dans les heures qui viennent sur la rive du canal de Beagle.