Depuis vendredi, le patron de l'antenne grenobloise de la PJ et son adjoint ont été placés en garde à vue.
Le numéro deux de la police judiciaire de Lyon, Michel Neyret,a été mis en examen aujourd'hui dans l'enquête sur des soupçons de corruption, a-t-on
appris auprès de l'un de ses avocats, Me Aurélie Sauvayre.
Son avocat n'a pas précisé les chefs de mise en examen dans cette enquête ouverte
pour corruption active et passive, trafic d'influence, association de malfaiteurs,
trafic de stupéfiants, détournement de biens et violation de secret professionnel.
M. Neyret doit désormais être présenté à un juge des libertés
et de la détention qui décidera d'un éventuel placement en détention provisoire,
requis par le parquet.
"Cette mise en examen est logique. M. Neyret a été constant dans ses déclarations", a déclaré Me Sauvayre. "Il est combatif, confiant, constant, il réaffirme, confirme ce qu'il a dit. Il est très fier de son métier de policier et a envie de s'expliquer. Il a des choses à dire", a-t-elle ajouté. "Son principal souci c'est son travail, ce qu'il a fait dans sa carrière dans le souci de lutter contre la criminalité", a-t-elle encore dit.
L'enquête a mis au jour "un système" de détournement de drogue, dans lequel le
numéro deux de la PJ de Lyon est soupçonné d'être impliqué, afin de rémunérer les
indicateurs de police.
Parallèlement, cinq policiers étaient toujours en garde à vue lundi dans cette
enquête, dont le patron de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Lyon,
le chef de l'antenne grenobloise de la PJ et son adjoint, un commandant.
La garde à vue de ces trois policiers interpellés vendredi matin devrait aller
jusqu'à son terme mardi avant une éventuelle présentation aux juges.
Rappel des faits
Dimanche 2 octobre
"Il a expliqué qu'à la question: "Est-ce que j'ai donné des informations que seul
un policier pouvait avoir?, la réponse est oui", a indiqué dimanche une source
proche du dossier. "Il a concédé que des choses laissaient penser qu'il avait pu
être imprudent."
Une autre source met en garde contre toute conclusion hâtive: "pour l'instant, ceux qui le mettent en cause, ce sont des truands d'un milieu que Neyret a affronté" durant sa carrière presqu'entièrement passée à Lyon.
Un ancien supérieur de Neyret, Daniel Guichot, s'est dit persuadé que le commissaire
avait "fait ça à bon escient", "pour lutter contre le grand banditisme". "Historiquement, tous les grands flics ont eu des contacts" avec le milieu car "on n'a pas d'informations auprès des anges gardiens", selon ce retraité de la police.
Le commissaire Neyret sera présenté lundi à un juge parisien au terme de sa garde
à vue à l'Inspection générale des services (IGS).
Vendredi 30 septembre
Après la mise en cause de Michel Neyret, numéro deux de la Police Judiciaire de Lyon, l'enquête pour corruption, trafic international de stupéfiants et blanchiment d'argent menée par l'IGS (la police des polices), s'étend vers Grenoble. Les deux responsables de la PJ grenobloise ont été placés en garde à vue ce vendredi.
L'affaire était traitée dans la plus grande discrétion depuis plusieurs semaines par l'Inspection Générale des Services de Paris. Son pivot est un trafic international de stupéfiants : une filière colombienne de cocaïne démantelée en région parisienne en novembre 2010.
Michel Neyret, le "super flic" lyonnais aurait vendu des infos à des trafiquants leur permettant de ne pas être inquiétés. Plusieurs coups de filet ratés par la police auraient conduit l'IGS à s'intéresser de près au directeur adjoint de la PJ de Lyon.
Michel Neyret a été interpellé à son domicile proche de Vienne en Isère, et placé en garde de vue jeudi, en compagnie de sa femme. Il devra s'expliquer sur des soupçons de trafic de drogue, de blanchiment d'argent et sur l'existence de comptes bancaires en Suisse qui pourraient être alimentés par l'argent de la drogue.
Le patron de la Brigade de recherche et d'intervention de la PJ de Lyon a lui aussi été mis en garde à vue ainsi que trois trafiquants de drogue présumés.
La PJ de Grenoble concernée ?
L'affaire s'étend de manière rapide vers le sud de la France où Michel Neyret avait semble-t-il des relations peu recommandables, à Cannes notamment. Mais cette affaire s'oriente aussi vers Grenoble où les deux responsables de la police judiciaire locale, qui dépend de la lyonnaise, ont été placés en garde à vue ce vendredi.
Sont-ils entendus comme simples témoins ou l'IGS retient-elle aussi contre eux des éléments propres à les mettre en cause dans cette affaire inédite ? On le saura très vite.
Selon des sources policières, d'autres fonctionnaires de police "voire des magistrats" pourraient ou devaient être "rapidement mis en cause". Il apparaît donc que le scandale sera d'ampleur. Il a déjà des ramifications à l'étranger puisque des perquisitions ont eu lieu ce vendredi à Genève.
Le procureur genevois Jean-Bernard Schmid a mené une action dans le cadre d'une demande française d'entraide judiciaire. Il confirme " l'existence à Genève de réseaux d'argent " liés à Michel Neyret.
Sur place une source s'exprimant sous couvert de l'anonymat a déclaré selon "Le Monde" que l'enquête actuellement menée pour corruption, trafic international de drogue et blanchiment concerne "toute une équipe, un réseau de personnes" . Elle estime que "cette histoire risque de s'avérer très douloureuse pour les collègues lyonnais ", étant donné "le caractère très populaire de Michel Neyret".