Le géant minier Rio Tinto Alcan s'apprête à vendre son activité d'alumines de spécialité à un fonds d'investissement.
La Bâthie : un racheteur pour Rio Tinto
L'usine Rio Tinto Alcan de la Bathie qui était mise en vente depuis plusieurs mois a reçu une offre ferme de rachat. L'offre a été faite par HIG capital. Il s'agit d'un fonds d'investissement américain. Les 160 employés redoutent une opération financière au détriment de la pérennité de l'outil.
Rio Tinto Alcan a indiqué ce mercredi 28 mars avoir reçu une offre ferme du fonds d'investissement HIG pour reprendre son activité d'alumines de spécialité. Selon Véronique Roche de la CFE-CGC, "les prochaines étapes sont le comité central d'entreprise d'Aluminium Pechiney le 4 avril et le comité de groupe européen le 5 avril".
Lors d'un comité d'entreprise extraordinaire à Voreppe en Isère, la direction a annoncé que "c'est le groupe financier HIG" qui voulait reprendre 100% de la branche alumines de spécialité, avait indiqué dans la matinée Joël Giraud, représentant syndical FO de Rio Tinto Alcan.
Cette cession, dont les conditions sont gardées "confidentielles", concerne trois usines en France, à La Bâthie en Savoie, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), et à Beyrède dans les Hautes-Pyrénées, et une en Allemagne, à Teutschenthal (centre).
Sur les quelque 730 emplois concernés, dont 160 à la Bâthie, aucun détail précis n'a encore été communiqué aux représentants du personnel, alors que le processus d'information-consultation doit se poursuivre.
"Apparemment le personnel ne serait pas touché en masse, mais on n'en sait pas plus", a indiqué M. Giraud, qui regrette que l'acheteur soit un financier et non un industriel. "Nous n'avons pas d'information sur les conséquences sociales" de cette cession, a indiqué Jean-Jacques Martin, délégué CFE-CGC, "même si le repreneur aurait dit vouloir développer l'activité et continuer la recherche".
HIG indique sur son site internet avoir un portefeuille de sociétés comprenant "plus de cinquante participations, aux États-Unis et en Europe, appartenant à de multiples secteurs d'activité, représentant un chiffre d'affaires consolidé supérieur à 7 milliards d'euros".
"La vente potentielle va dans le sens de notre stratégie, qui consiste à continuer de rationaliser le groupe aluminium par la cession d'actifs non stratégiques", a affirmé, dans le communiqué du groupe, Guy Elliott, chef des services financiers de Rio Tinto.
A l'automne 2011, Rio Tinto avait annoncé son intention de céder les trois sites français d'alumines (poudre extraite de la bauxite, utilisée dans la fabrication d'aluminium) dans le cadre d'une nouvelle restructuration prévoyant la vente de 13 sites dans le monde et le maintien des plus rentables.
Le site de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), où Rio Tinto produit de l'aluminium, ne figure pas sur la liste des cessions mais est aussi en sursis. "La direction ne s'est pas prononcée sur la suite malgré une proposition d'EDF pour fournir l'usine à un prix imbattable: on peut donc craindre le pire" pour Saint-Jean-de-Maurienne, estime Véronique Roche. "On est en train de tuer l'industrie en Europe et ces inquiétudes se généralisent dans les usines Rio Tinto", a ajouté la secrétaire du comité de groupe européen.
Le groupe anglo-australien Rio Tinto avait racheté en 2007 le groupe d'aluminium Alcan, qui lui même avait mis la main sur le fleuron industriel français Pechiney en 2003. Depuis les actifs hérités de Pechiney ont été dans leur grande majorité revendus à diverses parties, Rio Tinto voulant se concentrer sur son activité minière.