Rassemblement sauvage de militants d'extrême droite à la gare de la Part-Dieu après l'interdiction de leur manifestation
Lyon: Annulation manif et débordements
Près de 700 policiers et gendarmes étaient déployés cet après midi à Lyon. Un énorme dispositif destiné à prévenir d'éventuels débordements liés à une possible manifestation des Jeunesses nationalistes, voulant dénoncer entre autres le racisme anti blanc.
Plusieurs dizaines de militants des Jeunesses nationalistes, un mouvement d'extrême droite dont une manifestation était prévue ce samedi à Lyon a été interdite. Les militants se sont alors rassemblés à la gare de la Part-Dieu et dans la confusion, en début d'après-midi.
Au milieu des voyageurs, très nombreux à cette heure, une grande banderole "Marche des souchiens" a été déployée et Yvan Benedetti, président de l'Oeuvre française, est monté vers 14H45 sur l'un des escaliers menant aux quais pour prendre la parole pendant une dizaine de minutes.
"Nous sommes ici pour dénoncer une forfaiture. Nous voulions défiler pacifiquement. Les Français sont interdits de parler chez eux. Aujourd'hui, c'est l'étranger qui fait la loi chez nous", a-t-il lancé, allusion à une manifestation en soutien au peuple syrien autorisée samedi à Lyon.
"L'heure de l'insoumission a sonné !", a poursuivi l'élu de Vénissieux (Rhône), exclu du FN en juillet 2011 pour des propos antisémites, entouré par trente à quarante militants aux cris de "Bleu blanc rouge", "La France aux Français".
Les policiers présents dans la gare, entourant progressivement les manifestants, les ont repoussés vers une des portes de la Part-Dieu conduisant au métro, instaurant un périmètre de sécurité et obligeant les voyageurs à emprunter d'autres accès.
Plusieurs militants ont tenté de forcer le passage et les forces de l'ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, maîtrisant peu à peu les manifestants d'extrême droite, qui ont continué à crier "la France aux français", genoux à terre.
Environ 70 militants d'extrême droite ont été arrêtés samedi après-midi à Lyon.
Parmi les interpellés, "certains vont faire l'objet d'une vérification d'identité et d'autres seront placés en garde à vue pour des infractions plus graves que leur participation à un attroupement", a déclaré le préfet délégué pour la défense
et la sécurité, Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts.
D'autres pourraient être poursuivis pour des "violences sur agent de la force publique", a-t-il ajouté, soulignant qu'il n'y avait eu "aucune dégradation ni blessé" pendant l'après-midi.
Parallèlement, d'autres membres présumés des Jeunesses nationalistes ont été interpellés dans le quartier de Saint-Jean, sur la rive droite de la Saône, portant "des fumigènes ou des couteaux dans leur sac à dos", d'après M. Cazenave-Lacrouts.
Jeudi, la préfecture du Rhône avait interdit le défilé des Jeunesses nationalistes ainsi qu'un rassemblement parallèle d'un collectif contre l'extrême droite, tous deux prévus samedi après-midi, "en raison des troubles graves" qu'ils faisaient peser sur l'ordre public.
La première manifestation, qui visait à dénoncer "la préférence anti-nationale et le racisme anti-blanc", devait emprunter des espaces publics très fréquentés en fin de semaine et "de nombreux débordements ont été à déplorer lors de rassemblements précédents", avait rappelé la préfecture.
Les Jeunesses nationalistes avaient aussitôt décidé un recours en justice, rejeté samedi en fin de matinée par le Tribunal administratif de Lyon. Le fondateur du mouvement, le conseiller régional Alexandre Gabriac absent à la Part-Dieu, avait appelé les militants à "rester mobilisés".
>>> Ci-contre le reportage d'Aude Henry, Emilie Rosso, Thierry Swiderski et Laurent de Bretagne