Les habitants de Varces sont partagés à l'annonce du retrait anticipé des troupes françaises d'Afghanistan.
C'est dans cette base militaire française qu'étaient cantonnés les quatre soldats tués le vendredi 20 janvier 2012
"C'est plutôt une bonne nouvelle. Je suis content qu'ils reviennent, d'autant que l'on ne sait pas vraiment ce qu'ils sont allés faire là-bas", estime Sébastien Stillittano, ingénieur d'une trentaine d'années, sur la place du marché de Varces, commune où est implanté le 93e régiment d'artillerie de montagne.
Pour lui, comme pour d'autres habitants de cette ville dortoir, les circonstances de la mort en Afghanistan, le 20 janvier, de quatre soldats français dont trois appartenaient au 93e RAM "ont agi comme une prise de conscience".
"Ca ne sert à rien de rester si l'on ne veut pas de nous", renchérit Frédéric Lima, ingénieur informatique, alors que les quatre militaires, désarmés et en plein jogging, ont été tués par un soldat de l'armée afghane, que les Français entraînent.
Selon le quadragénaire, "le peuple afghan doit se libérer par lui-même, sinon ça ne sert à rien. Ils ne nous ont jamais appelés à l'aide, ce qui n'est pas le cas de la Syrie, où sont perpétrés des massacres de la population civile".
Jean-Jacques Bellet, maire UMP de Varces, confirme de son côté que l'annonce vendredi par Nicolas Sarkozy du retrait des quelque 3.600 soldats de l'armée française en Afghanistan, avancé d'un an à fin 2013, est "un soulagement pour les familles". "Les militaires y vont à reculons. Ca commence à sentir vraiment mauvais là-bas, c'est donc une décision de bon sens", approuve l'édile.
Peu nombreux toutefois étaient les membres du régiment, à qui des consignes de ne pas parler aux journalistes avaient été données, désireux de s'exprimer dans les rues de Varces. Environ 200 d'entre eux y résident, sur les 1.500 employés à la base militaire.
"Je suis partagé. Je suis à la fois soulagé pour les collègues sur place et en même temps, je me demande combien de temps va durer le gouvernement Karzaï sans l'Otan", commente circonspect un soldat du 93e RAM, requérant l'anonymat.
"Si notre intervention a permis de limiter les attentats en France et a aidé les Afghans, alors il y a un intérêt à être sur place. Le question est de savoir pour quelles raisons exactement nous sommes allés dans ce pays, qui est une marionnette des Etats-Unis", s'interroge le militaire, père de famille.
Jocelyne Garrucho, qui tient le bureau de tabac de la commune auprès duquel s'approvisionnent les militaires, hésite elle aussi à se réjouir. "Plus vite ils reviennent, mieux c'est. Mais en même temps, est-ce que ce n'est pas une forme de capitulation ?", souffle la commerçante.
Hommage national à Varces (25/01/2012)
Emotion et dignité : les familles des quatre soldats français tués en Afghanistan ont assisté à une cérémonie funèbre sobre, célébrée à l’intérieur du quartier militaire de Varces (Isère) où ils étaient cantonnés .
Les cercueils des quatre soldats tués vendredi 20 janvier en Kapisa par un soldat de l’armée afghane dont ils assuraient la formation ont reçu les honneurs militaires devant leurs camarades Chasseurs Alpins du 93ème régiment d’artillerie de montagne.
Le chef de l'État a ensuite prononcé un éloge funèbre déclarant notamment : " la France vient d'être victime d'une tragédie. Ne nous trompons pas d'ennemi, ne nous laissons pas aveugler par
Il a décoré les quatre soldats de la Légion d'honneur, à titre posthume puis s'est entretenu, à huis clos, avec les familles des victimes.
La veille, sur le pont Alexandre III à Paris, un "hommage citoyen" avait déjà été
rendu aux quatre soldats tués, en présence de nombreux militaires. Les corps avaient
été rapatriés en Isère dimanche soir par avion.
Une édition spéciale a été consacrée à cet hommage national en direct sur France 3 Alpes et France 3 Rhone-Alpes.