Une aide psychologique est actuellement déployée dans les établissements scolaires de Varces en Isère.
Morts en Afghanistan : Varces en deuil
Trois des quatre soldats morts ce vendredi 20 janvier en Afghanistan appartenaient au 93ème Régiment d'artillerie de montagne de Varces en Isère. Ils ont été tués par un soldat afghan à l'intérieur d'une de leurs bases alors qu'ils étaient désarmés.
C'est la première fois qu'un dispositif d'une telle ampleur est déployé dans une commune de 5.300 habitants. Les élèves des 4 écoles de Varces et du collège peuvent bénéficier d'une aide psychologique. Un fait important car la vie de Varces dépend en grande partie du 93ème RAM, qui a perdu 3 artilleurs en Afghanistan.
Dès vendredi 20 janvier, alors que l'on apprenait le drame, les psychologues entammaient leur travail au collège. Une initiative mise en place en toute discrétion. La presse est, bien évidemment, tenue à l'écart.
Si aucun signe extérieur de deuil n'est visible dans les rues de Varces, l'émotion est très vive dans la cité.
D'abord parce que les trois soldats du 93ème Régiment d'Artillerie de Montagne, qui sont tombés sous les balles, étaient tous pères de familles. Ils laissent derrière eux quatre enfants. Et puis bon nombre d'élèves scolarisés dans la ville ont un parent en mission en Afghanistan. Une centaine de soldats sur les 1.500 du 93ème sont toujours présents dans ce pays.
Après ce drame, leurs familles et leurs enfants sont de plus en plus inquiets et se posent de plus en plus de questions sur leur engagement.
Rappel des faits
Les trois hommes qui appartenaient au 93ème Régiment d'Artillerie de Montagne et un légionnaire du 2ème Régiment Etranger du Génie basé à Saint-Christol dans le Vaucluse ont été tués vendredi 20 janvier par un homme vêtu d'un uniforme afghan alors qu'ils terminaient une séance d'entraînement sportif.
"Les soldats français étaient en pleine séance de footing quand le soldat de l'armée afghane a tiré", explique le lieutenant-colonel Michel Sabatier, porte-parole de l'armée française en Afghanistan.
"Les soldats n'étaient pas protégés", souligne une source sécuritaire. Pas de gilets pare-balles. Ni d'armes quelles qu'elles soient. "Ils ne pouvaient pas se défendre", observe cette source.
L'attaque a eu lieu sur la base avancée de Gwan, dans le sud de la province de Kapisa, où les forces françaises sont déployées depuis 2008 sous la bannière de l'Otan. Située au nord-est de Kaboul, ce secteur est fortement infiltré par la rébellion des talibans, qui ne cesse d'y harceler les soldats français.
A Gwan, quelque 35 soldats français formaient les militaires afghans pour qu'ils soient en mesure d'assurer la sécurité en Afghanistan d'ici la fin de 2014, date du retrait prévu des forces de combat étrangères.
"Les conseillers français sont insérés au sein des bataillons afghans. Ils vivent avec eux", dans le même camp, précise le lieutenant-colonel Sabatier.
Vendredi matin, les hommes entament leur séance de sport. Apparemment sans crainte particulière.Vers 10h00 heure locale (06h30 GMT), un soldat afghan ouvre le feu sur eux avec une "arme automatique", "ce qui explique qu'il ait fait autant de victimes", déclare le lieutenant-colonel Sabatier.
Le lourd bilan humain
Les quatre soldats décédés portent à 82 le nombre de militaires français tombés en Afghanistan depuis le début du déploiement de la force internationale fin 2001, et à six leur nombre de morts en moins d'un mois.
La France, qui compte actuellement 3.600 soldats dans le pays, après le retrait de 400 de ses militaires depuis le mois d'octobre, a enregistré en 2011 ses plus lourdes pertes depuis le début du conflit, avec 26 soldats tués en opérations, dont cinq dans un attentat suicide le 13 juillet.
Vers un retrait anticipé ?
Un retrait anticipé des forces françaises déployées en Afghanistan avant l'échéance de 2014 a été clairement envisagé par le président Nicolas Sarkozy. A trois mois de la présidentielle, le drame a relancé le débat sur la présence de l'armée française sur
le sol afghan.
Le candidat socialiste François Hollande a réaffirmé sa volonté d'un retrait "le plus rapidement possible, au plus tard à la fin de l'année 2012, en concertation
avec nos alliés".