Certains sont là très tôt, d'autres ont même passé la nuit devant la préfecture de l'Isère, et pourtant, sur ces dizaines d'étrangers qui attendent, seulement trois ou quatre seront accueillis. C'est devenu une règle! Les associations pensent qu'on veut ainsi dissuader ces réfugiés.
Jeudi 21 février, seulement trois personnes sont entrées dans le couloir dédié aux demandeurs d'asile. Les autres ont attendu entre les barrières métalliques, sans grand espoir. La scène est le même depuis des mois, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il fasse très froid comme l'a dénoncé un confrère Rue89 il y a peu. On est bien loin de la charte Marianne!
L'association "Accueil Demandeurs d'Asile" dénonce donc une inégalité d'accès au service public. Son travail d'observation lui a permis de remarquer que sur les 388 personnes qui se sont présentées aux portes de la préfecture à Grenoble, du 1er octobre 2012 au 31 janvier 2013 seules 176 ont effectivement pu accéder au guichet, soit deux ou trois personnes par jour. La volonté de l'Etat serait "de décourager les demandeurs", selon l'association.
En préfecture, on rappelle simplement que tous les centres régionaux d'accueil des demandeurs d'asile souffrent des mêmes problèmes. Grenoble gère les dossiers de l'Isère, des deux Savoie et de la Drôme.
Dans ce contexte, les scénarios les plus fous évoquent des "ventes" de place dans la queue. Difficile à prouver.
L'association ADA qui "pointe" les demandeurs aux portes de la préfecture de l'Isère parle d'un réel 'numerus clausus'. Dans son rapport ci-dessous, elle relate quatre mois d'observation de cette queue qui n'en finit pas.