INTERVIEW. "L'hyperventilation peut être une solution au mal aigu des montagnes", les recherches d'un médecin d'Annecy se poursuivent

Depuis cinq ans, Alexander Buijze, chirurgien orthopédiste à Annecy, cherche un remède au mal aigu des montagnes. Pour lutter contre ce syndrome provoquant des maux de tête ou encore des vertiges, le médecin encourage l'hyperventilation.

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Le docteur Alexander Buijze est allé jusqu'à 4 950 mètres d'altitude pour trouver un remède au mal aigu des montagnes. Entre 2016 et 2020, le médecin d'Annecy a mené plusieurs expéditions au mont Leonera, au Chili, avec quatre autres scientifiques.

À travers ces périples, il cherche à combattre le mal aigu des montagnes. Ce syndrome, qui survient en altitude, chez des milliers d'alpinistes peut provoquer des maux de têtes, des vertiges, des vomissements ou encore des œdèmes. L'hyperventilation maîtrisée pourrait, selon l'étude d'Alexander Buijze, être une alternative "efficace" à la prise de médicament.

Quel était votre postulat de départ pour cette étude ?

L’hypothèse était de pouvoir trouver une alternative à la prise de médicaments pour prévenir le mal aigu des montagnes. Nous nous sommes basés sur une étude préliminaire réalisée en 2014 au mont Kilimandjaro. Nous avions trouvés qu’une méthode basée sur la respiration, de cryothérapie et de méditation donnait un taux de succès bien plus élevé que la moyenne. A partir de cela, nous avons voulu nous focaliser sur le taux de respiration pour trouver la technique la plus optimale pour prévenir le mal aigu des montagnes sans prendre de médicament.

En quoi consiste cette technique de respiration ?

Il s'agit de la méthode d'hyperventilation maîtrisée. C’est tout simplement une technique lors de laquelle on augmente notre ventilation pour trouver un taux de respiration plus efficace dans un milieu où l’oxygène est moindre. Passé 2 500 mètres d’altitude, nous avons des taux d’oxygène bien inférieurs aux taux habituels. Il suffit alors d’adapter sa respiration pour être plus efficace et conserver un taux de saturation plus proche de la normale.

Comment avez-vous testé cette méthode ?

Nous avons testé cette hyperventilation maîtrisée en haute montagne près de Santiago au Chili, avec 32 étudiants andins. Dans cette étude randomisée, nous avons comparé deux groupes. Le premier groupe témoin avait pris du Diamox. Ce médicament de référence comprenant de l’acétazolamide nous pousse à respirer davantage, de manière métabolique. Le deuxième groupe pratiquait, lui, la méthode d’hyperventilation maîtrisée. De façon consciente et volontaire, ces étudiants ont donc adapté et augmenté leur ventilation sans avoir de phénomène de vertiges. 

Quelles ont été les conclusions de cette expérimentation ?

Nous avons observé, dans ce groupe de 32 participants, que l’hyperventilation maîtrisée peut être aussi efficace que la prise de médicament. Tout dépend de la constance de cette pratique. En plus de cela, cette méthode peut avoir aussi un effet curatif lorsque l’on développe les premiers symptômes bénins du mal aigu des montagnes. Cela peut donc être une alternative à la prise des médicaments ou un complément.

C’est toujours intéressant de trouver des alternatives, surtout lorsque l’on pratique du sport. Il y a des sportifs qui ne veulent pas prendre de médicaments. Il y a aussi ceux qui ne tolèrent pas les médicaments. Cela permet d’éviter les effets indésirables.

Aimeriez-vous aller plus loin dans vos recherches ?

L'hyperventilation peut faire évoluer la pratique de la haute montagne si on arrive à la maîtriser constamment. En intégrant la technologie comme des montres connectées ou des oxymètres, cela pourrait permettre de trouver en permanence le taux de respiration le plus efficace pour la prévention du mal aigu des montagnes. Réussir à faire cela c’est la prochaine étape car pour l’heure, l’hyperventilation n’est pas encore très répandue en haute montagne.

Propos recueillis par Marion Feutry et Maxime Quemener

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