Isère : 2 000 soldats de la brigade d'infanterie de montagne seront bientôt déployés à travers le monde

En pleine guerre en Ukraine, plusieurs centaines de soldats français appartenant à la brigade d'infanterie de montagne sont engagés en Europe de l'Est pour consolider l'alliance européenne. Le Général Paul Sanzey fait le point sur la situation de ses troupes.

Plus de deux cents jours après le début de la guerre en Ukraine, le combat continue de faire rage sur le front. Des centaines de soldats de la brigade d'infanterie de montagne sont mobilisés sur ce conflit. Ils sont chargés de consolider la défense du flanc est de l'Europe. Le Général Paul Sanzey, présent à la tête de cette brigade depuis plus d'un an, fait le point sur les opérations en cours.

Quelle est la situation actuelle de vos troupes engagées en Estonie et en Roumanie ?

En février dernier, nous avons déployé en six jours un groupement tactique à Constanța en Roumanie. Ce groupement rassemblant des unités de la brigade s’est déplacé ensuite dans l’intérieur du pays pour participer a la défense de notre allié. Cela représente environ 550 hommes qui ont ensuite pris une compagnie d’infanterie belge mécanique avec eux. Le bataillon est finalement revenu au mois de juin. Il a été relevé par un autre bataillon de l’armée française. 

A la brigade, nous nous préparons pour d’autres missions prévues à partir de décembre prochain jusqu’en mai 2023 en Estonie. Nous avons déjà actuellement des chasseurs alpins sur place. D’autres missions auront lieu dans la bande Sahélo-Saharienne, c’est-à-dire au Niger, au Burkina, au Tchad et en Côte d’Ivoire. Au total, cela va mobiliser environ 2 000 hommes dans les prochains mois sur les 8 000 présents dans notre brigade.

Un chasseur alpin c'est un peu comme un athlète préparant les Jeux Olympiques. La seule différence est qu'il ne connaît pas la date des JO !"

Général Paul Sanzey, commandant de la 27e brigade d'infanterie de montagne

Comment se prépare-t-on à partir sur une telle mission ? Peut-on dire que la période que nous traversons est exceptionnelle ?

L’entraînement pour un chasseur alpin est quelque chose de constant. On s’entraîne en permanence avec de la pédagogie mais aussi beaucoup d’exigence. C’est notamment ce qui permet à une brigade d’urgence telle que la nôtre d’être projetée rapidement comme on l'a fait en Roumanie ou ailleurs. Un chasseur alpin c’est un peu comme un athlète qui se prépare pour les Jeux Olympiques. La seule différence est qu’il ne connaît pas la date des JO.

L’actualité en Ukraine nous motive encore plus pour peaufiner nos procédures, être encore plus performants et rester créatifs face à des situations que l’on n'aurait pas anticipé.

Avez-vous ou allez-vous recevoir de nouveaux équipements pour agir dans vos prochaines missions ?

Depuis plusieurs années, nous bénéficions de l'arrivée d’équipements de la gamme de nouvelle génération appelée Scorpion. En 2020, nous avions déjà reçu les véhicules Griffon au 13ème bataillon des chasseurs alpins.

C’est une accélération dans la manœuvre tactique puisqu’ils permettent de ne plus transmettre les ordres à la voix avec un combiné mais par des systèmes de commandement automatisés en quelques secondes. Cela nous donne une efficacité, une réactivité et une rapidité dans l’exécution des ordres étant une vraie plus-value car cela peut nous permettre de devancer notre adversaire. C’est la guerre moderne !

Rencontrez-vous des difficultés de recrutement dans l'armée de terre et dans votre brigade ?

Chaque année, l'armée de terre continue à recruter 15 000 personnes. Dans les troupes de montagne, nous embauchons aussi et dans tous les métiers. Cela reste principalement des combattants mais nous avons aussi des besoins dans les domaines de la maintenance et de l’électrotechnique.

Nous n'avons pas eu trop de difficultés à recruter, même si dans ces secteurs, la demande est faible. Aujourd’hui, dans le monde du travail et notamment dans les territoires alpins, il y a une forte concurrence dans le domaine civil pour ces métiers-là. Nous recherchons tous des profils de personnes dynamiques et toniques. Dans l’armée, en plus, il ne faut pas compter ses heures. Il faut accepter d’être disponible même si nous avons une vie de famille, des vacances… . Mais lorsque l’on part en opération, on doit être concentré sur sa mission. 

Après la crise sanitaire, est-ce que vous avez ressenti un engagement national dans les armées ?

Personnellement, je ressens un intérêt renouvelé pour les sujets militaires. On voit bien que la question de l’autonomie stratégique de la France, de la pérennité de notre système et de notre économie reposent sur beaucoup de choses aujourd’hui remises en question. Donc l’importance des armées qui défendent les Français et leur territoire est manifeste, notamment avec ce qu'il s’est passé en Ukraine.

Je continue à dire que c’est bien de continuer à défendre les murs de la cité, mais il faut aussi que cette cité continue à vivre, que son économie continue à prospérer. C’est pourquoi je suis attentif à nos relations avec les entreprises.

Propos recueillis par Nathalie Rapuc-Mulac et Yves-Marie Glo.

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