La station de ski du Planolet, située dans le massif de la Chartreuse en Isère, est désormais gérée par une association qui regroupe de nombreux habitants. L'objectif : maintenir une activité tout en limitant les coûts de fonctionnement.
"Faut pas vous affoler, c'est le téléski débutants !" En cette matinée de décembre, Bruno Cottave explique à une quinzaine de bénévoles comment fonctionne l'un des cinq téléskis de la station du Planolet, située dans le massif de la Chartreuse, en Isère. Son association, "Nouvelles traces en Chartreuse", en a obtenu la gestion par délégation de service public pour cinq ans.
Comme beaucoup de stations de moyenne montagne confrontées aux effets du réchauffement climatique, la station du Planolet, reliée à la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, fait face à un enneigement de plus en plus aléatoire et à une saison de ski réduite. Ses six pistes culminent à 1 300 mètres d'altitude et elle ne possède que deux canons à neige.
13 000 euros de résultat net la saison dernière
"Devant les difficultés, principalement financières, pour l'entretien du domaine, nous avons fait ce choix qui nous permet de ne pas rompre avec le ski qui se pratique ici, mais sans impliquer nos finances", explique Anne Lenfant, présidente de la communauté de communes Coeur de Chartreuse, qui avait jusque-là la compétence de gestion de la station de ski.
L'hiver dernier, l'association avait repris en urgence la gestion de la station du Planolet. "On a fait 5 400 heures de bénévolat, et sur les quelques journées d'ouverture, on a réussi à faire à peu près 13 000 euros de résultat net", détaille Michel Gachon, trésorier de l'association Nouvelles traces en Chartreuse.
Le choix de recourir à une association s'explique aussi par la souplesse de son fonctionnement, souligne Anne Lenfant : "Les bénévoles peuvent adapter leur travail en fonction de l'enneigement, cela réduit très fortement les coûts de gestion". L'association compte néanmoins quelques salariés, comme le pisteur et le chef d'exploitation des téléskis.
Quatre bénévoles, deux téléskis
Les bénévoles sont formés sur plusieurs journées au fonctionnement des remontées mécaniques, au système d'exploitation et aux gestes de sécurité. "La formation est là pour assurer que les gens ne prennent pas de risques en venant skier ici. Même si ce sont des bénévoles, c'est très sérieux", assure Michel Gachon.
"Cette année, nous avons 36 bénévoles", indique Bruno Cottave. "Nous avons opté pour une organisation à la demi-journée, ce qui fait que nous avons besoin de quatre bénévoles par jour, pour gérer deux téléskis".
Si tout le monde donne quelques jours dans la saison, à nous tous, on va y arriver.
Marine Sibellas, bénévole.
Marine Sibellas, 43 ans et graphiste à son compte, s'est portée volontaire pour la saison. "J'ai quatre enfants, et je veux qu'ils puissent continuer à profiter du domaine. Grâce à l'association, ils vont pouvoir continuer à skier ici", se réjouit l'habitante du massif.
"Si tout le monde donne quelques jours dans la saison, à nous tous, on va y arriver", abonde Catherine Choupin, bénévole et enseignante à Miribel-les-Échelles, à quelques kilomètres du domaine du Planolet. De quoi peut-être faire perdurer l'activité ski "encore quelques années voire peut-être encore quelques décennies", espère optimiste Emmanuel Herman, responsable du service tourisme à la Communauté de communes.
Une chance que d'autres petites stations alpines n'auront pas, comme Notre-Dame-du-Pré (Savoie) et Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), qui viennent toutes deux d'annoncer leur fermeture.
Vers un tourisme 4 saisons ?
Alors que les premiers flocons sont tombés sur les massifs alpins, la saison s'annonce plutôt encourageante au Planolet. Ce qui n'empêche pas le territoire de réfléchir à son avenir. D'autres stations, comme celle de Saint-Hilaire-du-Touvet en Chartreuse, ont aussi fait le choix de se tourner vers une gestion associative.
Mais pour beaucoup de ces domaines qui ne peuvent plus dépendre uniquement du ski : "Il faut se projeter sur un autre format d'exploitation, mais la transition n'est pas la rupture : il faut continuer le ski tant qu'on peut continuer, mais l'objectif principal n'est pas le ski, c'est la diversification de notre offre touristique", souligne Anne Lenfant.