En Isère, quatre hommes, dont un gendarme qui n'était pas en service au moment des faits, sont visés par une enquête pour "violences volontaires en réunion" sur un adolescent. L'information a été confirmée, ce vendredi 3 juillet, par le parquet de Vienne.
En Isère, un adolescent de 16 ans, victime d'une expédition punitive, a porté plainte contre un gendarme en civil témoin de son agression.
Les faits remontent au week-end dernier. Ils se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche, à Heyrieux (Isère). Alors qu'il sortait d'une soirée entre copains, un jeune homme de 16 ans est pris à partie par quatre hommes. L'un d'eux, le père de son ancienne petite copine, le retient fermement tandis qu'un autre le roue de coups. Les deux autres hommes assistent à la scène. Parmi eux, un gendarme habillé en civil, dont le rôle reste à déterminer.
L'adolescent, qui se voit prescrire 10 jours d'ITT, a porté plainte dimanche pour "violences volontaires en réunion". L'enquête est confiée à la Brigade territoriale d'Heyrieux, puis à la Brigade de recherches de Vienne.
Le comportement du gendarme interroge
Concernant le commandant de brigade à Morestel (Isère), qui ne s'est pas présenté comme tel et était habillé en civil, "on est dans une intervention dans un cadre privé qui n'a rien à voir avec ses fonctions", a souligné auprès la procureure de la République Audrey Quey. La circonstance aggravante de violences "par personne dépositaire de l'autorité publique" n'est donc pas retenue. Toutefois, s'il a participé d'une quelconque manière aux violences, le gendarme "sera sanctionné aussi sévèrement que la gravité des faits l'exige", a assuré Mme Quey.
Une pression sur la victime ?
L'avocat de l'adolescent, Me Bernard Boulloud, a de son côté fait part d'une "très grande indignation": un gendarme, qu'il soit en civil ou pas, "est gendarme 24h/24". Pour Me Boulloud, les faits relèvent d'un "guet-apens", les quatre hommes ayant "guetté" la sortie de l'adolescent "depuis un véhicule et dans une impasse". Le comportement du militaire a particulièrement choqué la victime.
"Je savais qu'il était gendarme car c'est le père d'une fille que je connais", a raconté l'adolescent au Parisien. "Lorsque j'ai été agressé, je pensais qu'il allait intervenir. Mais il n'a pas bougé. C'est comme s'il était d'accord avec ce qui se passait. Un de mes copains, Franck, a tenté de me venir en aide. Mais le gendarme l'en a empêché en mettant son bras pour l'écarter. Il lui a dit: +fais pas l'homme+", poursuit l'adolescent.
Le militaire est aussi intervenu lors des auditions de l'adolescent et de son père. "Alors qu'une enquêtrice était en train de recueillir mon témoignage, je me suis retourné et j'ai vu le gendarme, celui qui était présent lors de l'agression", a dit le jeune homme au Parisien. "Même l'enquêtrice était sidérée de le voir là. Et le gendarme m'a dit: +dis bien la vérité. Moi, je t'ai aidé. Je t'ai même séparé lorsque lui te tapait dessus+. Ce qui est faux. J'ai vécu ça comme une pression". "La question qui se pose est comment ce gendarme, qui n'appartient pas à cette brigade de gendarmerie, a pu entrer dans la gendarmerie", a relevé Me Boulloud, qui a saisi l'Inspection générale de la gendarmerie nationale pour l'ouverture d'une enquête administrative.
Les suspects n'ont pas encore été entendus par la justice.