Plusieurs années après le suicide du directeur de l’Ecole de Villefontaine Romain Farina, qui aurait durant plusieurs années abusé sexuellement et violé des dizaines d'enfants lors de ses différentes affectations, notamment en Isère, sept familles déposent plainte contre l'Education nationale.
Sept familles d'élèves victimes d'un instituteur, aujourd'hui décédé, ont déposé plainte contre l'Éducation nationale pour "non assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d'autrui", a annoncé mercredi leur avocat. Cet enseignant, Romain Farina, aurait durant plusieurs années abusé sexuellement et violé des dizaines d'enfants lors "d'ateliers du goût" qu'il organisait dans sa classe, au fil de ses affectations dans des écoles de Vénissieux (Rhône), des Avenières, de Saint-Clair-de-la-Tour puis de Villefontaine en Isère.
"Comment l'Éducation nationale a-t-elle pu l'ignorer ?"
Il a été mis en examen et écroué en mars 2015 avant de se suicider dans sa cellule un an plus tard. La justice a rendu une ordonnance de non-lieu en raison de l'extinction de l'action publique. Les familles souhaitent désormais "des investigations approfondies relatives aux fautes susceptibles d'être relevées à l'égard de sa hiérarchie", a expliqué Me Fabien Rajon, précisant que la plainte avait été déposée vendredi auprès du parquet de Grenoble."Notre objectif, a-t-il poursuivi, est l'ouverture d'une information judiciaire afin qu'un juge d'instruction enquête (...) au sujet des manquements et infractions pénales susceptibles d'être relevées à l'encontre de divers services de l'Éducation nationale", dans le respect de la présomption d'innocence. L'inspection de l'Éducation nationale, le rectorat de l'académie de Grenoble et la direction des services départementaux de l'Éducation nationale de l'Isère sont particulièrement visés par la plainte. Les familles s'interrogent sur "le sérieux et la vigilance de l'Éducation nationale" à l'égard de cet enseignant, a relevé Me Rajon.
L'instituteur, muté cinq fois en huit ans, avait en effet été visé une première fois en 2001 par une plainte pour atteintes sexuelles sur mineur dans le cadre de ses fonctions. Que cachent ces mutations si fréquentes, se demandent les familles. Romain Farina avait aussi fait l'objet en 2008 d'une condamnation pour détention d'images pédopornographiques, dont sa hiérarchie dit ne pas avoir eu connaissance. L'une des victimes a d'ailleurs déposé une plainte contre le parquet général de Bourgoin-Jailleu il y a quelques jours, lui reprochant notamment de ne pas avoir transmis la condamnation de 2008 au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV), consultable par l'Education nationale.
"Comment l'Éducation nationale a-t-elle pu l'ignorer et le laisser au contact d'enfants ? Elle ne pouvait pas ne pas savoir", s'indigne la mère d'une victime alors en maternelle, qui fait partie des familles portant plainte. "Dans toutes les écoles où il est passé, les parents se plaignaient de son comportement anormal avec les enfants", ajoute cette mère.