Affaire de pédophilie à Villefontaine. Sarah, victime, fait appel pour relancer l’enquête

Hier la justice a confirmé le non-lieu, 3 ans après le suicide du directeur de l’Ecole de Villefontaine et la fin de l’instruction. Me Gerbi et sa cliente Sarah, victime en 2003, ont annoncé qu’ils faisaient appel de cette décision car plusieurs questions restent en suspens.   

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Trois ans, cela fait trois ans que Romain Farina, le directeur de l’Ecole de Villefontaine, s’est donné la mort dans sa cellule de la prison de Corbas. Trois ans que l’instruction judiciaire s’est arrêtée. 

Hier mercredi 19 mars, la justice a finalement ordonné la fin de l’action publique, confirmant le non-lieu. Une nouvelle qui a atterré Sarah. La jeune femme est à ce jour la première victime adulte reconnue de Romain Farina.

Sarah a été violée par celui qui était alors son instituteur à Veynissieux en 2003. Elle avait six ans. Lorsque l’affaire a éclaté en 2015, la jeune femme a très vite compris que cet « atelier du goût » auquel le maître soumettait ses petites victimes étaient exactement ce qu’elle avait vécu enfant.

"C'était partout dans les réseaux sociaux, dans les infos, partout..." raconte-telle. "J'ai vu le nom de mon ancien maître... J'ai lu l'article... J'ai compris que j'avais vécu la même chose, que ce n'était pas un rêve, ce n'était pas un cauchemar... J'ai appelé ma mère et je lui ai envoyé l'article. Je lui ai dit, "c'est ce que j'ai vécu"".

Après le suicide de Romain Farina, 11.000 vidéos ont été découvertes dans son ordinateur. Et 500.000 photos, dont celles de Sarah. Preuve que le directeur d'école était passé à l'acte bien avant sa première condamnation en 2008, ce qu'il a toujours nié.

En 2008  l'instituteur avait été mis en examen pour détention d'images pédo-pornographiques. Interpol avait piraté son ordinateur, mais d'après Maître Gerbi, il n'y avait pas eu de perquisitions à son domicile, ce qui aurait permis de découvrir les photos de Sarah. La jeune fille aurait pu se reconstruire bien plus tôt et l'on aurait pu éviter de nombreuses victimes. 

Malgré cette condamnation, Romain Farina avait été maintenu dans ses fonctions. Il avait par la suite travaillé dans sept établissements et avait même été promu, devenant directeur d'école.  

Un non-lieu et de nombreuses questions 


La décision de Sarah a été prise en quelques heures. Lorsque qu'elle a appris par son avocat que la justice avait ordonné la fin de l'action publique, confirmant le non-lieu, elle a souhaité très vite faire appel.

"J'étais écoeurée, j'avais eu tellement de mal à en parler"... confie-t-elle. 

"J'avais pas la réponse à mes questions" explique la jeune femme. "Je voulais absolument que justice soit faite, qu'on dénonce la faute et l'erreur de l'Education nationale." (...) "Je pense qu'on aurait pu éviter énormément de victimes, ça fait quand même de 2003 mon année, à 2015... C'est énorme"

"Que ce soit l'Education nationale ou l'institution judiciaire, il faut s'interroger..." ajoute maître Gerbi. "Qui a livré des enfants de 6, 8 ans, de CP, à cet instituteur pour faire ces images à caractère pédopornographique, en lui donnant les moyens de le faire dans sa salle de classe que lui seul contrôle, avec ses propres outils... Et comme il n'avait pas été inquiété en 2008, lui laissant penser qu'il avait toute impunité pour le faire ? "

Depuis trois ans, l'affaire est au point mort. Deux noms sont pourtant apparus dans le dossier... Détenteurs d'images, voire complices de Romain Farina, d'après Maître Gerbi ils n'ont jamais été entendus. A ce jour, 46 jeunes victimes ont été reconnues mais on en soupçonne beaucoup plus.     

Reportage Céline Aubert, Damien Borrelly, Eric Achard :
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