2 ans après le suicide de l'instituteur accusé de viols dans plusieurs écoles de Villefontaine, certaines victimes viennent tout juste d'apprendre qu'elles avaient été abusées sexuellement. L'information est dévoilée ce mercredi 25 avril 2018 par nos confrères de RTL.
L'affaire avait traumatisé toute la France et posé la question de la transmission par la justice à l'éducation nationale des condamnations des enseignants. 2 ans après le suicide en prison de l'enseignant accusé de plusieurs dizaines de viols dans des écoles de Villefontaine et de sa région, la radio RTL révèle, ce mercredi 24 avril 2018, que plusieurs victimes de l'instituteur viennent tout juste d'apprendre quelles avaient été violées.
L'instituteur sévissait depuis plusieurs années
Selon RTL, il y aurait en tout entre 60 et 70 victimes dans cette affaire. L'instituteur a été arrêté en mars 2015 mais il sévissait depuis le début des années 2000, à Saint-Clair-de-la-Tour en Isère, à Vénissieux dans le Rhône, puis à Villefontaine.
Selon nos confrères, 8 victimes ont été récemment identifiées par les enquêteurs. Certaines "retrouvées par les gendarmes sur des photos et vidéos réalisées par l'enseignant" , avaient 5 ou 6 ans lors des faits commis à Vénissieux et pour elles, "les horreurs commises par l'instituteur ont été totalement occultées de leur mémoire".
C'est le cas de Nadia, l'une des victimes âgée de 21 ans aujourd'hui. Sébastien Lopez, président d'une association d'aide aux enfants raconte sur RTL : "ça lui est tombé comme un rocher sur la tête", "même quand on lui a dit, elle n'y croyait pas".
Des disques durs confiés à la gendarmerie
Quelques jours avant le suicide de son mari en détention, la femme de Romain F. avait confié à la gendarmerie des disques durs, disquettes et CD-ROM qu'elle avait retrouvé dissimulés dans le double toit de leur maison.
Ces supports contenaient "environ 512.000 photos et plus de 11.000 vidéos dont la grande majorité proviennent d'internet où il les avait soit achetées soit reçues en peer-to-peer (échange d'internaute à internaute, NDLR)", avait précisé en 2017 le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat.
Ils renfermaient aussi "des photos ou des montages qu'il avait faits lui-même lors des "+ateliers du goût+" où l'instituteur imposait des fellations à des élèves aux yeux bandés, avait poursuivi le magistrat.
"Alors qu'on pensait que les faits avaient commencé à Villefontaine, en fait, ça a commencé bien avant", vers 2002-2003, a indiqué une source proche du dossier, en référence au fait que trois de ces huit nouvelles victimes étaient de Vénissieux.
Faire reconnaître la responsabilité de l'Etat
Selon Me Grimaud, des avocats de victimes envisagent de lancer une procédure pour faire reconnaître la responsabilité de l'État, une fois l'instruction terminée - ce qui serait imminent. Cette dernière devrait conclure à l'extinction de l'action publique du fait du décès de l'enseignant.
En juin 2008, Romain F. avait été condamné par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu (Isère) à six mois de prison avec sursis avec obligation de soins pendant deux ans pour avoir téléchargé des images pédopornographiques. Sa condamnation n'avait pas été assortie d'une interdiction d'entrer en contact avec des enfants, ni signalée à son administration de tutelle, alors qu'elle figurait à son casier judiciaire.
Face au scandale provoqué par cette affaire, les ministères de l'Éducation et de la Justice ont pris depuis des mesures destinées à améliorer la communication des informations de ce type entre leurs services.
Sébastien Lopez, père de victime et membre de l'Association Aide Enfants Victimes