Une dizaine d'apiculteurs ont participé, ce mardi, au blocage de l'A43 à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. Ces professionnels dénoncent notamment les "importations abusives" voire une "concurrence déloyale".
Certains en combinaisons, d'autres avec leur enfumoir et des ruches, ils se distinguent nettement parmi la foule d'agriculteurs mobilisés. "L'apiculture française est en crise", ont dénoncé des éleveurs d'abeilles qui ont participé, mardi 30 janvier, au blocage du péage de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) sur l'A43.
Les apiculteurs étaient une dizaine sur le barrage parmi les 300 personnes et 20 tracteurs présents à l'appel de la Confédération paysanne. "Nous avons des revendications communes à celles exprimées par les agriculteurs, comme l'envie de vivre de notre métier dignement", explique Anthony Mercier, président du groupement des apiculteurs professionnels des Savoie.
Mais "nous sommes particulièrement touchés par le réchauffement climatique et par les importations abusives en provenance de l'étranger", ajoute-t-il, tandis qu'une banderole "non au miel d'importation" a été déployée sur son camion. "C'est la première année que le secteur se retrouve dans une pareille situation", poursuit Anthony Mercier.
"Concurrence déloyale"
Les apiculteurs dénoncent une utilisation abusive du miel de synthèse chinois, mais aussi la prépondérance du miel ukrainien à "moins de deux euros le kilo", rendant "impossible la compétitivité du miel français", vendu à plus de dix euros le kilo en moyenne. Plusieurs évoquent "une concurrence déloyale".
Les Français consomment en moyenne 45 000 tonnes de miel par an, tandis que 20 000 tonnes sont produites en moyenne dans le pays, selon la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, classé à gauche. Les importations sont donc nécessaires.
Mais pour Damien Blampay, qui exploite 600 ruches en Haute-Savoie, ces importations "sont disproportionnées" et "2023 a été la première année où il restait du miel de 2022 à écouler", notamment en raison d'une bonne production et d'une baisse des ventes liée à "la crise du pouvoir d'achat".
Les apiculteurs demandent aussi à la grande distribution une meilleure transparence du packaging : en décembre, le Parlement européen a rendu obligatoire sur les étiquettes des pots de miel le détail des pays où il a été récolté, mais "cela reste illisible pour le consommateur", estime Anthony Mercier.
Aux côtés d'environ 300 agriculteurs de la Confédération paysanne, ils comptent rester sur place "au moins 24 heures" pour faire entendre leurs revendications, plus d'une semaine après le premier blocage d'axes routiers en Occitanie, qui a lancé le mouvement agricole le 26 janvier.