Il y a quelques jours, la seule médecin généraliste de Bonnefamille, en Isère, a fermé définitivement son cabinet après 15 années à exercer seule son activité libérale. Trop de contraintes, moins de temps consacré aux patients et beaucoup de tâches administratives l’ont décidée à quitter la profession.
Bonnefamille, une petite commune d’à peine 1 000 habitants située dans le nord de l’Isère, n’a désormais plus de médecin généraliste : "C’est dur, il y a beaucoup d’émotion. On a échangé des moments de vie importants, on a accompagné des patients en fin de vie, des naissances", confie Sarah Gaget, médecin généraliste à Bonnefamille.
Ce vendredi 13 septembre, elle, qui exerçait en activité libérale depuis 15 ans, a donné ses dernières consultations. Aujourd’hui, elle ne se sent plus en accord avec sa conception du métier : "Ça fait quelques mois que l’on s'inquiète de l’évolution dans le cadre de notre profession, on nous éloigne du soin ce qui est pour moi le cœur de notre métier."
Moins de temps pour les patients, plus de temps pour la paperasse
Elle dénonce une pression de l’assurance-maladie de plus en plus forte, un temps restreint avec les patients et de plus en plus de temps consacré aux tâches administratives : "Il y a 15 ans, je passais 20 à 30 minutes par jour à traiter la paperasse, aujourd’hui quand je fais le calcul, c’est deux heures par jour. Ça m’est arrivé de consulter jusqu’à 20 heures et rentrer à 22 heures chez moi."
Cette vie-là, Sarah n’en veut plus. Tout arrêter s’est imposé à elle comme une nécessité. "Je sais que je mets en difficulté mes propres patients, toute une communauté qui est là, autour de moi et dont je vois la souffrance et c’est vraiment un cri d’alerte sur la souffrance des soignants, de l’hôpital, du médical, du paramédical. Aujourd’hui, on est très impactés par la vision de la société qui se réduit à des chiffres, à des statistiques et à de la rentabilité. Ce n’est pas juste une lubie, ce n’est pas juste une problématique personnelle, elle est globale et elle est inquiétante."
A partir de ce lundi, Sarah Gaget va commencer un nouveau métier dans un centre de dépistage, avec plus d'équilibre et moins de contraintes.
La crainte d'un désert médical
Il faut désormais trouver un médecin pour remplacer Sarah Gaget. Le maire de la commune, lui,craint un futur désert médical. Après deux mois de recherches intensives, il n'a toujours pas trouvé un remplaçant : "Il y a la solution de dire, je vais essayer de trouver un médecin qui exerce sur une autre collectivité, une autre commune et de dire, tu viens là parce que tu seras mieux que chez les autres, mais c’est déshabiller Pierre pour habiller Paul" confie, inquiet, André Quemin.
L’Isère n’est pas le seul département à être confronté au manque de médecin. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, selon la dernière étude réalisée par l’agence régionale de santé, 20 % de la population se trouve en zone d’intervention prioritaire, des zones confrontées au manque de médecins.