"Ça me pose un cas de conscience" : ces maires qui veulent débaptiser leurs rues nommées d’après l’abbé Pierre

À la suite des accusations de violences sexuelles visant l’abbé Pierre, plusieurs villes des Alpes hésitent à renommer leurs rues qui portent son nom. En Isère, les maires de Vienne et de La Mure ont pris déjà cette décision et comptent débaptiser les esplanades et ruelles concernées au plus vite.

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"Pour moi, les personnalités qui donnent leur nom à une rue doivent être irréprochables. Et là, il y a des faits avérés qui montrent qu’on en est très loin". Face à l'émotion suscitée par les témoignages de violences sexuelles visant l'abbé Pierre, Eric Bonnier, maire de La Mure, en Isère, dit vouloir "prendre ses responsabilités".

Dans sa commune, une petite ruelle, qui mène à l’Ehpad "La Maisoun" porte le nom de l’homme d’Église, qui a été aumônier à l’hôpital dans les années 40. "La légitimité était là, explique le maire. Mais maintenant ça me pose un cas de conscience pour savoir si on garde le nom de cette rue. J’ai engagé une réflexion avec mon exécutif car je pars du principe qu’à partir du moment où on donne un nom à une rue ou à un bâtiment, c’est pour honorer un personnage", conclut Eric Bonnier, assurant vouloir être en cohésion avec sa conscience et son discours.

"Il est légitime de se poser la question"

"Je ne mets pas en doute ce qui a été fait de bien par l’abbé Pierre. Mais on est en 2024, on a le mouvement Me Too et nous avons à La Mure un centre d’hébergement pour les femmes battues. Nous avons aussi inauguré une salle d’audition pour les mineurs victimes de violences. Donc il est légitime de se poser la question", conclut-il.

À l’entrée de la ville, un panneau présentant les personnalités passées par La Mure fait aussi référence à l’abbé Pierre. Il devrait être également modifié.

D'autres communes pourraient suivre

Décédé en 2007, l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est accusé par une vingtaine de femmes, parfois mineures à l'époque, de violences sexuelles pouvant pour certaines relever du viol. Depuis leur révélation cet été par le cabinet Egaé, la question de l’héritage du religieux est centrale. Après la fondation Abbé Pierre puis la décision d'Emmaüs de gommer la référence à son fondateur, de plus en plus de communes, comme celle de La Mure, décident de rebaptiser leurs rues.

À Vienne, ce n’est pas une rue mais une esplanade qui porte le nom de l’abbé Pierre. "La décision de débaptiser l’esplanade a été prise collégialement par la majorité municipale lors d’une réunion, suite à la révélation de cette affaire", précise-t-on au service communication de la Ville. À l’occasion de futurs travaux prévus de longue date dans le quartier de la Vallée de Gere, l’esplanade sera rebaptisée au moment de l’inauguration. "En attendant, les panneaux existants sont en train d’être retirés", ajoute la Ville.

Contactée, la Ville de Grenoble a confirmé que la rue abbé Pierre, située près du Polygone scientifique, allait être débaptisée. D’autres communes iséroises comme Varces ou encore Crolles ont des rues nommées d’après le religieux. Ces dernières n’ont pas encore communiqué concernant un éventuel changement de nom.

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