La qualité de l’air se dégrade fortement sur la région surtout en cette fin de semaine, informe l'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. En cause : les concentrations d'ozone provoquées par les importantes chaleurs. Entretien sur ce phénomène avec Didier Chapuis, directeur territorial d'Atmo.
La canicule est déjà présente. De nombreux départements ont été placés en alerte orange, ce jeudi 16 juin. Les fortes chaleurs s'installent. Et celles-ci sont accompagnées par une qualité de l'air en nette dégradation, informe l'observatoire spécialisé Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.
Les fortes chaleurs de ces derniers jours favorisent les concentrations d'ozone, un gaz nocif qui se forme à partir de polluants précurseurs (oxydes d’azote, composés organiques volatils). Didier Chapuis, directeur territorial d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, explique les causes et les dangers de ce gaz.
"Quels sont les dangers de cette concentration d'ozone ?
Didier Chapuis : L'ozone rentre facilement en contact avec toutes les surfaces, comme nos muqueuses. C'est un gaz très irritant. On l'utilise, par exemple, pour nettoyer des piscines. Le gaz va donc irriter nos muqueuses, nos tissus. Il va les oxyder.
Dans le pire des cas, cela peut provoquer des maladies cardio-vasculaires.
Didier Chapuis, directeur territorial d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour les personnes les moins sensibles, cela va provoquer des irritations oculaires, des quintes de toux... Pour les personnes les plus sensibles, les enfants en bas âge, les personnes âgées, les sportifs exposés aux fortes chaleurs, cela peut entraîner de l'asthme. Dans le pire des cas, cela peut provoquer des maladies cardio-vasculaires.
Cette mauvaise qualité de l'air est-elle amenée à se prolonger ?
D'ici la fin de semaine, les concentrations d'ozone vont progresser, notamment dans la région alpine. On espère des perturbations d'ici dimanche et en début de semaine prochaine pour permettre à ces concentrations d'ozone de diminuer.
Dans les semaines à venir, avec de nouvelles conditions estivales, nous pourrions de nouveau faire face à une dégradation de la qualité de l'air. Les concentrations d'ozone sont privilégiées par de fortes chaleurs qui s'étendent sur plusieurs jours.
Sur le long terme, devons-nous nous inquiéter de ces concentrations d'ozone ?
Oui, il y a des inquiétudes à avoir pour les prochaines années. Les épisodes pourraient être plus fréquents avec le réchauffement climatique. Les conséquences pourraient être multiples : l'ozone est un gaz qui s'attaque aussi bien à l'homme, qu'à l'environnement, aux plantes ou aux cultures agricoles par exemple. Ce n'est pas impossible, qu'à l'avenir, certaines cultures soient mises à mal.
Certains gaz et particules ont pu baisser ces dernières années. Mais pour l'ozone, ce n'est pas le cas. Nous sommes davantage sur une augmentation. Pourquoi ? Parce que nous ne savons pas comment lutter efficacement contre ces concentrations.
C'est un gaz très difficile à limiter avec les connaissances que l'on a.
Didier Chapuis, directeur territorial Atmo Auvergne-Rhône-Alpes
Les pouvoirs publics mettent en place des actions pour lutter contre d'autres polluants. C'est plus difficile en ce qui concerne l'ozone, étant donné qu'il se forme à partir de polluants précurseurs comme les oxydes d'azote et des composés organiques volatils. C'est un polluant photochimique et sa réaction n'est pas linéaire. C'est un gaz très difficile à limiter avec les connaissances que l'on a.
Nous savons juste que si l'on met un terme au trafic routier, à l'activité industrielle... Bref, si l'on coupe absolument tout, nous n'aurons plus ces concentrations d'ozone. Mais il faut être réaliste, ce n'est pas possible. Il faut donc étudier ce gaz, savoir comment lutter et mener des actions avec les pouvoirs publics.
Comment se protéger de ces concentrations d'ozone ?
Les fortes chaleurs, les concentrations d'ozone, le pollen et une masse d'air avec des particules d'origine désertique touchent en ce moment notre région. Cela va agir négativement sur les personnes les plus sensibles. Il faut donc limiter ses sorties.
Pour l'ozone, le gaz va être moins concentré à l'intérieur d'un bâtiment puisqu'il va se déposer sur davantage de matières. Rester chez soi est donc privilégié. Il faut également favoriser les déplacements en début et toute fin de journée. Le mieux est de télétravailler. Cela permet de limiter les déplacements et de rester chez soi."