L'approvisionnement en gazole non routier se fait de plus en plus difficile depuis le début de la grève dans les raffineries françaises. L'inquiétude monte chez certains agriculteurs en Isère à l'heure des travaux d'automne.
Les difficultés d'approvisionnement en carburants s'étendent au monde agricole. En Isère, certaines exploitations sont contraintes de tourner au ralenti, faute de pouvoir s'approvisionner en gazole non routier (GNR). Ce carburant réservé aux engins agricoles vient à manquer dans une large partie du département : seul un quart du territoire a pu être livré.
Les distributeurs accusent le coup. "On aurait dû avoir 260 000 litres de fuel livrés dans le département (…) et ce mois-ci, on n'a pas pu être livré. Sur nos quatre zones, il y en a trois qui n'ont pas été livrées", détaille Richard Duvert, responsable du service approvisionnement en GNR pour le département de l'Isère.
Le mouvement de grève pour les salaires initié dans les raffineries provoque des pénuries de carburants dans un tiers des stations-service françaises et touche aussi les approvisionnements en GNR. Un grand nombre d'agriculteurs n'ont donc pas pu être livrés à l'heure des travaux et des semis d'automne.
La menace de pénurie fait planer le doute sur les exploitations. "Nous sommes en train de finir les fonds de cuves mais d'ici quelque temps, on ne pourra plus travailler, s'inquiète Richard Duvert. On ne pourra plus faire les semis ou même donner à manger aux bêtes. On ne pourra plus rien faire, ça sera terminé."
Au jour le jour
Julien Robert-Quatre fait lui partie des chanceux. Bien qu'il ait été livré ce mois-ci, l'agriculteur de Romanieu, dans le Nord-Isère, n'a plus que 1 000 litres de gazole dans sa cuve. Et sur une grosse journée, son tracteur peut consommer jusqu'à 200 litres de carburant.
"Il nous reste un petit peu de récoltes, les enrubannages d'automne et il y a les semis de céréales. Pour certains, il y a la récolte des maïs qui n'est pas terminée non plus", liste l'exploitant. Impossible, pour lui, d'imaginer finir le mois sans approvisionnement de carburant. Julien exploite 30 hectares de terrain agricole et si la situation ne s'arrange pas d'ici quelques jours, il devra faire des choix.
"On s'inquiète. Le problème, c'est qu'on n'a pas trop de réponses. Pour l'instant, on fait avec ce qu'on a. On essaye d'économiser le plus possible, faire les travaux urgents en priorité. Quand il n'y en aura plus, on verra", tranche-t-il. La flambée des prix du GNR est l'autre préoccupation des agriculteurs en Isère département qui compte pas moins de 3 500 exploitations agricoles professionnelles.