Le festival de musique électronique Tomorrowland Winter a débuté, ce samedi 19 mars, à l'Alpe d'Huez. L'association de protection de l'environnement Mountain Wilderness s'interroge, ce mardi, sur la pertinence de cet événement.
"Je ne suis pas contre l'organisation de festivals. C'est important pour la culture, pour le public, pour que les gens puissent se rassembler, assure Fredi Meignan, vice-président de l'association Mountain Wilderness France, avant de finalement s'interroger : Mais pourquoi percher ça à 3 300 mètres d'altitude ?"
Le festival de musique électronique Tomorrowland Winter bat son plein depuis samedi 19 mars. Jusqu'à samedi, 18 000 personnes de 72 nationalités différentes sont attendues dans la station de l'Oisans.
C'est le seul endroit en Europe où les routes prennent fin, où une maison peut être la dernière du chemin avant de laisser place à la nature. Au lieu de cultiver cela, on décide de créer des événements dans ces milieux, comme si c'était en plein Paris.
Fredi Meignan, vice-président de Mountain Wilderness France.
Au premier jour du festival, l'association a distribué des tracts en bas de la vallée pour sensibiliser les touristes. Pour elle, les pollutions atmosphériques, sonores ou visuelles ne cessent de gagner du terrain en montagne : "Nous sommes dans une dérive. On cherche à ce qu'il y ait du monde partout, même dans les milieux isolés."
"On oublie la spécificité de la montagne : c'est le seul endroit en Europe où les routes prennent fin, où une maison peut être la dernière du chemin avant de laisser place à la nature. Au lieu de cultiver cela, on décide de créer des événements dans ces milieux, comme si c'était en plein Paris, à Marseille ou à Nantes", poursuit le défenseur de l'environnement.
Du "contre-apprentissage" ?
Il regrette que le festival "dénature le vivant". Selon lui, l'organisation de l'événement peut amener des dérives sur les comportements des touristes : "Lorsque l'on fait venir 20 000 personnes qui ne sont pas habituées aux montagnes dans ces lieux, on ne leur apprend pas à défendre et à respecter cet environnement fragile. Cela a des conséquences sur les comportements. C'est du contre-apprentissage."
L'association n'a pas pu donner d'éléments chiffrés sur les conséquences écologiques de Tomorrowland. Cependant, elle souhaite sensibiliser sur les répercussions des "micro-séjours et les quantités de kérosène et de pétrole brûlées pour l’occasion".
La première édition du Tomorrowland Winter, en 2019, avait déjà été sous le feu des critiques de la part d'élus du Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire (RCES).
Les efforts de l'organisation
De son côté, l'organisation du festival est "consciente des nuisances que peut générer l'événement" mais tient à mettre en avant plusieurs actions menées tout au long de la semaine : "Nous avons limiter au maximum les va-et-vient des camions et nous n'avons pas créé de scène supplémentaire dans les montagnes. Ce qui nous a permis de diminuer de 50 % les déplacements d'hélicoptères et de poids lourds par rapport à la première édition", explique Frédéric de Gezelle, coordinateur médias du festival.
Il poursuit : "La scène principale, le grand chapiteau, a par exemple été montée sur le terrain de football de l'Alpe d'Huez. Nous avons utilisé des infrastructures déjà existantes. De plus, nous avons proscrit le plastique à usage unique. Les verres, par exemple, sont biodégradables et réutilisables partout." Même les confettis sont biodégradables, assure le coordinateur médias. "Nous avons tenté de prendre en compte au maximum les préoccupations écologiques de chacun et la possibilité, pour les festivaliers, de vivre un moment unique."
Plusieurs mouvements, comme Extinction Rebellion et Peps Isère, avaient appelé à un rassemblement, samedi 19 mars, au pied de la montée de l'Alpe d'Huez.