Le Département de l'Isère a lancé un appel pour recruter, le temps du confinement au moins, des volontaires pour venir prêter main forte aux personnels sous tension des Ehpad. Depuis un mois et demi, 374 résidents sont décédés.
313 résidents de résidences autonomie et d'Ehpad isérois sont décédés depuis le 3 novembre. C'est le chiffre révélé ce vendredi 20 novembre par le Département de l'Isère en conférence de presse, recensé sur les 164 établissements du territoire.
Le 3 novembre dernier, 61 décès avaient été comptabilisés. Le taux de mortalité a donc été multiplié par 5. "Il ne s'agit pas de déclencher une réaction de panique, la situation est sous-contrôle", s'est voulu rassurant Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental.
Cette situation sanitaire dramatique s'ajoute à une tension perpétuelle dans les Ehpad, qui existait déjà avant la crise, explique le président. Ce 20 novembre, 906 membres du personnel des établissements isérois sont en arrêt de travail, soit environ 16% des 5 600 équivalents temps plein du département. Sur ces 906 absents, 763 étaient positifs à la Covid-19.En octobre, le Département -dont les compétences ne couvrent pas le médical et les consignes sanitaires- a enclenché le recrutement de 150 postes à pourvoir dans les Ehpad, afin de soulager en partie les personnels.
500 volontaires espérés
Pour parer à un contexte similaire pendant la première vague, le Département avait lancé un appel à volontaires, interne à ses services, qui avait permis de recruter 400 agents mis en inactivité par le confinement. Cette fois, avec un reconfinement moins contraignant, l'appel interne n'a débauché que 110 volontaires.Un bon début malgré tout insuffisant. Si bien que le conseil départemental a décidé de passer un nouvel appel, externe cette-fois, via la plateforme Teamsquare, et espère recruter 500 volontaires. Ce qui représenterait "un véritable bol d'air", concède Jean-Pierre Barbier.
Pour postuler, pas besoin de compétences particulières. Les missions à remplir peuvent aller de l'aide à la préparation des repas jusqu'à simplement tenir compagnie aux résidents. Des tâches rémunérées selon la grille tarifaire de chaque établissement. Toutes ces missions supplémentaires seront financées grâce aux "marges de manœuvre du budget ressources humaines" du Département.
De moins en moins de lits occupés
Pour le moment, seuls 20 des 164 établissements isérois se sont manifestés auprès du conseil départemental pour bénéficier de ce futur apport de volontaires, un nombre que Jean-Pierre Barbier espère voir grimper en flèche dans les jours prochains.En Isère, signe que la situation s'est largement dégradée, le taux d'occupation des lits des Ehpad est passé d'environ 97% en période pré-Covid à environ 93% en ce mois de novembre. Des lits vidés par les décès et hospitalisations, et qui ne devraient pas accueillir de nouveaux occupants avant la fin de la deuxième vague. A l'exception des "cas d'extrême urgence, qu'on accueillera bien-sûr", précise le président du conseil départemental.
Celui-ci estime par ailleurs que "tous les établissements sont touchés avec plus ou moins de gravité". Alors selon lui, le déploiement dans les Ehpad de tests antigéniques hebdomadaires pour le personnel, annoncé par la ministre déléguée à l'Autonomie Brigitte Bourguignon ce jeudi 19 novembre, est une "excellente idée".
Ces tests antigéniques devraient également être imposés aux visiteurs, pour garantir que le virus ne s'infiltre pas dans un établissement sain. Pendant le premier confinement, les visites avaient été interdites par le gouvernement, ce qui n'est plus le cas durant cette deuxième vague. Et heureusement selon Jean-Pierre Barbier : "L’absence de visite crée des dégâts parfois irrémédiables sur les personnes âgées."