Crash mortel d'un hélicoptère de la Sécurité civile en Isère : un rapport d'enquête conclut à une "erreur de pilotage"

Plus d'un an après le crash mortel d'un hélicoptère de la Sécurité civile dans le Vercors, le Bureau enquêtes accidents pour la sécurité de l'aéronautique d'État a rendu ses conclusions. Il pointe notamment une "erreur de pilotage" ayant conduit à l'accident qui a coûté la vie au mécanicien de bord.

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Les missions s'enchaînent pour les secouristes ce 12 septembre 2021. Il est 16 heures lorsque l'équipage de l'hélicoptère de la Sécurité civile, Dragon 38, part pour sa cinquième intervention de la journée pour secourir un vététiste victime d'un traumatisme crânien à Villard-de-Lans (Isère).

L'appareil arrive sur les lieux en moins de 10 minutes, les cinq membres de l'équipage localisent la victime tandis que le pilote se prépare à atterrir sur un secteur plane, à proximité d'un restaurant d'altitude et d'un départ de remontées mécaniques. Mais l'appareil vient heurter une pente herbeuse, vers 1 500 mètres d'altitude, alors que le pilote tentait de se dégager pour initier une meilleure approche.

Le mécanicien opérateur de bord, âgé de 42 ans, qui se trouvait dans la soute de l'appareil, est décédé sur le coup. Le médecin de l'équipage, inconscient, est lui grièvement blessé, les trois autres membres - le pilote et deux gendarmes du PGHM - plus légèrement. Tous sont évacués de l'appareil quelques minutes avant que celui-ci ne prenne feu. A l'arrivée des secours, ils sont transportés vers le CHU Grenoble-Alpes.

Une "erreur de pilotage"

Plus d'un an après le drame qui a endeuillé les secours en montagne, le Bureau enquêtes accidents pour la sécurité de l'aéronautique d'État (BEA-E) a rendu ses conclusions. Cette enquête de sécurité, dont l'objectif est "la prévention des accidents et incidents sans détermination des fautes ou des responsabilités", conclut à une "erreur de pilotage" ayant entraîné le crash.

En cause, notamment, la décision du pilote de dégager l'hélicoptère par la droite alors qu'il se trouvait à proximité de la pente, tout en étant trop incliné. L'adoption également de trajectoires "en décalage avec les pratiques recommandées en vol en montagne", souligne le BEA-E qui identifie plusieurs facteurs. Parmi eux, "un certain niveau de fatigue mentale du pilote" après une journée chargée en interventions.

Ce pilote expérimenté, âgé de 50 ans, affecté à la base d'hélicoptères de l'Isère depuis le 1er novembre 2017, totalisait plus de 6 000 heures de vol au moment du crash. L'enregistrement des conversations à bord de l'appareil semble indiquer qu'il n'avait pas correctement identifié la zone de poser.

Au moins cinq parapentistes dans la zone

"L’insuffisance de la réactivité du pilote aux commandes au vu de la collision imminente témoigne d’un déficit de conscience de cette situation", note le BEA-E. Les conditions du vol, avec cinq parapentistes évoluant dans le secteur, ont contribué à mobiliser "fortement l’attention du pilote". L'un d'eux se trouvait à une centaine de mètres de l'appareil, ignorant les consignes de sécurité.

Pour le reste, les conditions étaient idéales avec un temps ensoleillé et un vent faible. L'appareil était quant à lui "conforme au programme de maintenance en vigueur et aux règles de maintien de la navigabilité", détaille encore le BEA-E dans son rapport qui écarte tout "problème technique".

Le Bureau questionne également le positionnement du mécanicien de bord, "potentiellement inadapté à la phase de vol en cours". Et de recommander à toutes les autorités d’emploi "de réfléchir au meilleur positionnement de leurs mécaniciens de bord treuillistes au sein de leurs aéronefs en fonction des phases de vol".

L'enquête judiciaire se poursuit

En parallèle, l'enquête judiciaire sur ce crash mortel se poursuit. La Section de recherches des transports aériens basée à Roissy ainsi que le groupement de gendarmerie de l’Isère sont en charge des investigations.

Cet accident mortel avait provoqué une vive émotion dans le milieu du secours en montagne. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'était alors rendu à l'aérodrome du Versoud après la mort du mécanicien, père d'un petit garçon, saluant "un agent très professionnel de la Sécurité civile". Il a été décoré de l'ordre de la Légion d'honneur à titre posthume "pour saluer son courage"

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