Onze des prévenus jugés pour le cyberharcèlement de l'adolescente iséroise Mila ont été condamnés à des peines allant de 4 à 6 mois de prison avec sursis mercredi. Un autre prévenu a bénéficié d'un vice de procédure et un dernier a été relaxé.
Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mercredi 7 juillet des peines de 4 à 6 mois de prison avec sursis contre 11 jeunes gens jugés pour avoir participé au cyberharcèlement de Mila. La jeune iséroise avait été insultée et menacée de mort après la publication d'une vidéo polémique sur l'islam. Un autre prévenu a bénéficié d'un vice de procédure et un dernier a été relaxé faute de preuves.
"On a gagné et on gagnera encore. Je ne veux plus jamais qu'on fasse culpabiliser les victimes", a affirmé Mila à la sortie du tribunal. Plusieurs prévenus ont été condamnés en outre à verser à la jeune femme la somme de 1 500 euros en raison des souffrances qu'elle a endurées, et à 1 000 euros chacun pour les frais d'avocats.
"Nous vous considérons responsables des dommages causés à Mila", a souligné le président de la 10e chambre correctionnelle, Michaël Humbert, en rendant son jugement. "Le réseau social, c'est la rue. Quand vous croisez quelqu'un dans la rue, on s'interdirait d'insulter quelqu'un, de le menacer, de se moquer. Ce que vous ne faites pas dans la rue, ne le faites pas sur les réseaux sociaux", a insisté le magistrat.
Milliers de messages de haine
A l'audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre douze des prévenus et sollicité la relaxe d'un treizième. Les onze jeunes gens condamnés, âgés de 18 à 29 ans, étaient jugés pour avoir diffusé quelques-uns des milliers de messages de haine et des menaces de mort contre Mila. A la barre, ils avaient assuré ne pas avoir réalisé qu'ils participaient à un "raid" numérique visant la jeune iséroise.
L'adolescente, alors âgée de 16 ans et demi, avait en janvier 2020 répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d'une vidéo véhémente sur l'islam mais "dans les strictes limites" de la liberté d'expression, selon le procureur. Cible d'un "raz-de-marée de haine", Mila avait été contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière.
Elle s'était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d'une seconde vidéo polémique, le 14 novembre, dans laquelle elle lançait : "et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis". Mila a reçu, selon son avocat Richard Malka, quelque "100 000 messages" haineux.