Elue Miss France agricole en 2016, Laura Schmidhauser a un mental et une détermination d'acier. A tout juste 20 ans, alors qu'elle souffre d'une grave maladie génétique, elle s'apprête à lancer sa propre chèvrerie. Rencontre avec une jeune femme hors du commun.
Avec ses tenues rose fushia, ses cheveux lissés et ses longs cils, Laura Schmidhauser n’a pas vraiment le look d’une éleveuse… «"Les gens me disent souvent on ne le croit pas, tu n’es pas agricultrice " confie-t-elle.
Mais la jeune fille n’en a cure. Cette vie a toujours été la sienne, elle n’a pas besoin de prouver qu’elle est plus féminine qu’une autre. Lorsque qu’un photographe la contacte pour participer au calendrier Belle des près, Laura se prend au jeu. Pas pour poser en tenue sexy, mais pour soutenir la lutte contre le cancer du sein.
Sur le calendrier la photo est fidèle à ce qu’est la jeune fille, simple, fraîche et pleine de charme. Laura a également été élue Miss France Agricole en 2016. Il faut dire qu’elle est très jolie. Une jeune fille de 20 ans presque comme les autres. Avec une vie très peu ordinaire…
"Laura on ne va pas l’appeler pour aller au ciné " plaisante Charlène, son amie d’enfance. Car la journée pour elle débute à 5 heures du matin avec la traite. Et termine tard le soir, généralement vers 23 heures.
Cette année, Laura a décidé de créer sa propre chèvrerie. " J’ai des chèvres depuis l’âge de 13 ans " explique-t-elle, " il fallait bien se lancer ". Avec l’aide de son père, elle a monté un projet ambitieux. Un bâtiment de 500 mètres carrés qui abritera bientôt son troupeau, le laboratoire de transformation du lait en fromage, un petit magasin et son appartement.
Il faut privilégier les circuits courts"
Le tout sur l’exploitation familiale. Car Laura est une " enfant de la balle ". Dans la famille Schmidhauser on est éleveur depuis plusieurs générations. Ses parents sont éleveurs de porcs et tiennent une charcuterie à Theys. Une boutique renommée dans la vallée du Grésivaudan, et bien au-delà.
Cela explique en partie la motivation de Laura. " On a toujours travaillé à la ferme " raconte-t-elle, " je me vois mal ne pas me lever pour aller m’occuper de mes bêtes ". La rudesse de cette vie ne lui fait pas peur. A seulement 20 ans, la jeune fille se sent prête à affronter toutes les difficultés. A commencer par la sécheresse cette année. Heureusement, elle avait commandé son foin bien en avance.
Laura vend ses produits directement à la ferme et à la charcuterie familiale. " Il faut privilégier les circuits courts " explique-t-elle, «"il faut s’ouvrir, être en contact avec les gens, ne pas s’enfermer et vendre ses produits à un grossiste qui ne nous paye pas. Ce sont de bons produits locaux, il faut les valoriser ".
Laura a choisi les chèvres pour apporter un « plus » à l’exploitation de ses parents. Elle élève des Alpines et produit de la Tome de Savoie et du fromage frais.
La chèvre, c’est aussi un choix de cœur. L’animal est affectueux, et la jeune fille aime ce lien très étroit tissé avec les bêtes. " Je connais chacune par leur nom, je les ai élevées une à une au biberon ".
Le troupeau est aujourd’hui composé de 70 chèvres. Cela représente beaucoup de travail. Laura s’occupe également de ses cinq vaches, des volailles, des fruits et légumes. Les journées sont bien remplies.
Engagée dans la lutte contre le cancer du sein
La jeune éleveuse souffre pourtant d’une grave maladie génétique. Une dysplasie de la hanche diagnostiquée sur le tard. Elle a déjà été opérée quatre fois. Difficile à imaginer quand on la voit si dynamique.
On pourrait croire que la vie à la ferme lui prend tout son temps. Que nenni. Laura est une jeune fille très inventive, avec une fibre artistique.
Elle a créé une ferme itinérante et se rend régulièrement dans les EHPAD et les écoles pour expliquer son métier, proposer des animations et exposer ses animaux. Dans le petit monde de Laura, il faut dire qu’ils sont nombreux. Chacun tient une place particulière dans son cœur. Lolita la ponette, Wendy la brebis… Quatre chiens, une vache naine et un pigeon… La jeune fille a un don particulier avec les bêtes, elle est capable de dresser n’importe quel animal.
Reportage de Céline Aubert-Egret & Gilles Ragris