Depuis début juillet, 32 cas graves d'intoxication par les champignons ont été répertoriés en France. Un chiffre en très forte augmentation. Alors que la saison des cueillettes est loin d'être terminée, un pharmacien mycologue isérois lance un appel à la prudence. Les applications mobiles de reconnaissance des champignons ne sont pas fiables.
L'automne est la saison des champignons. Près de 90% des espèces, comestibles ou non, font leur apparition entre septembre et novembre. Alors que la saison est encore loin d'être terminée, le nombre d'intoxication par les champignons est en très forte augmentation. Depuis début juillet, 1 179 cas ont été recensés en France par les centres antipoison dont 32 cas graves. Un bilan déjà lourd déjà sachant que la moyenne annuelle observée est d'une vingtaine de cas graves. La Direction Générale de la Santé (DGS) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) lancent un appel à la prudence.
Des intoxications sévères et parfois mortelles
Troubles digestifs graves, complications rénales, atteintes du foie... les conséquences sur la santé d'une intoxication par les champignons peuvent être graves, voire dramatiques.
Sur les 32 intoxications sévères recensées cette année, 20 correspondent à un "syndrome phalloïdien", caractérisé par des signes digestifs survenant en moyenne 10h à 12h après la consommation de champignons. Elle peut être à l'origine d'une atteinte mortelle en l’absence de traitement.
Ce syndrome peut être causé par des amanites (amanite phalloïde, amanite vireuse…), des petites lépiotes ou des galères. Parmi ces 20 cas, deux ont nécessité une greffe hépatique et un troisième cas est décédé.
Attention aux applications mobiles
Il existe aujourd'hui des applications mobiles qui proposent une reconnaissance automatique des champignons à partir d'une photo. Mais attention, le risque d'erreur est élevé préviennent les spécialistes. Gilbert Bonthoux pharmacien mycologue isérois est catégorique : "on ne peut pas se fier aux application mobiles sur smartphone". Elles ne doivent être utilisées qu’à titre consultatif selon le spécialiste, membre de la Mycoliste. Un réseau créé en 2014 qui met en relation les Centres Antipoison avec des mycologues confirmés.
Bannissez les sacs plastiques
Ramassez uniquement les champignons que vous connaissez. Certains champignons vénéneux hautement toxiques ressemblent beaucoup aux espèces comestibles.
Pour la récolte, "bannissez les sacs plastiques qui accélèrent la putréfaction, explique Gilbert Bonthoux, et peuvent être à l'origine d'une contamination bactérienne". Munissez-vous d'un panier ou d'un carton et séparez les champignons récoltés par espèce. Un champignon vénéneux peut contaminer tout un panier.
Choisissez les spécimens en bon état et les couper à la base en préservant le pied et le chapeau. "Il y a des caractéristiques sur le pied indispensables pour l'identification" précise le pharmacien mycologue isérois.
Enfin, n'oubliez pas de bien vous laver les mains après la récolte.
Pas de champignons pour les enfants
Il y a quelques jours, un enfant de 2 ans a été intoxiqué en consommant un champignon sauvage. "Il ne faut jamais donner de champignon sauvage à un enfant en bas âge ou une femme enceinte" recommande Gilbert Bonthoux. Au moindre doute, ne consommez pas la récolte avant de l'avoir faite contrôler par un pharmacien ou une association de mycologie.
Même si vous êtes sûr de vous, il est recommandé de toujours prendre une photo de votre récolte avant de la consommer. Elle sera utile en cas d'intoxication pour repérer le champignon responsable.
Par ailleurs, ne consommez jamais les champignons sauvages crus. Les cuire 20 à 30 minutes à la poêle ou 15 minutes à l'eau bouillante.
Enfin consommez-les rapidement. Dans les deux jours au maximum après la cueillette.
Que faire en cas d'intoxication
En cas d'apparition de symptômes tels que des tremblements, vertiges, vomissements, nausées, diarrhée, troubles de la vue, dans les 12 heures après la consommation de champignons, il est conseillé d'appeler rapidement un centre antipoison ou le 15.
Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à contacter la Fédération mycologique et botanique Dauphiné Savoie.